• Plongée le long des tombants de l'Anse du Sec

    Alors que nous sommes passés à l'automne la température extérieure est toujours estivale et je suis bien décidé à en profiter autant que possible. Aujourd'hui je retourne plonger à l'anse du Sec à la Ciotat mais un petit vent de sud rend la mer un peu agitée ce qui n'est pas vraiment l'idéal pour le snorkeling. Je me jette à l'eau malgré les vagues en espérant que les tombants ombragés de l'anse du Sec qui ne font pas face au large soient plus calme.

    Anse du Sec la Ciotat

    La mer est à 22°C, elle est quand même bien agréable mais malgré cela il n'y a presque personne dans l’eau. Quoi qu'il en soit les zones qui m'intéresse aujourd'hui sont les parois des failles du massif rocheux qui sont presque toujours à l'ombre, ce ne sont pas des coins prisés des baigneurs mais pour le photographe sous-marin féru de macro ce sont des lieux magiques à explorer avec la plus grande attention et en progressant doucement.

    Anse du Sec la Ciotat

    L'anse du Sec est un spot de plongée intéressant pour la recherche des nudibranches. D'ailleurs je ne tarde pas à tomber sur ma première hervia (cratena peregrina) qui se déplace entre les alcyonaires encroutants. Avec la houle j'ai du mal à me stabiliser mais je multiplie les essais et finis par parvenir à lui tirer un portrait.

    hervia

    Les hervias sont plutôt faciles à observer, elles présentent une taille correcte et des couleurs chatoyantes. Il en est autrement avec les calmellas (calmella cavolini), elles sont très fines, très petites, et elles peuvent passer facilement inaperçues. D'où la nécessité de regarder de près la paroi roche et de très près le coralligène en prêtant attention à chaque petite tache claire qui parait suspecte. Mes efforts finissent par porter leurs fruits puisque j'en repère une assez rapidement.

    calmella

    Cette calmella est très esthétique, elle présente des cérathes bien développés de couleur grenat alors que d'ordinaire ils sont plutôt rouges ou oranges.

    calmella

    Une belle flabelline mauve (flabellina affinis) se promène également sur le territoire des hervias. Il se trouve que la flabelline mauve apprécie de manger les même polypes d'eudendrium que les hervias, heureusement il y a une grosse colonie d'hydraires dans le coin et il y a assez de denrées pour tout le monde !

    flabelline mauve

    Quelques poissons tiennent compagnie aux nudibranches, voici une blennie de Caneva (Microlipophrys canevae) bien cachée dans son trou.

    blennie de Caneva

    Entre deux tombants, sur les rochers exposés à la lumière, il n'est pas rare de croise une étoile de mer rouge (Echinaster sepositus).

    étoile de mer rouge

    Le tombant le plus encaissé de la anse du Sec se trouve au pied du grand massif rocheux des Trois Sec. Il semble perpétuellement privé de lumière directe et de ce fait il apparaît particulièrement riche en cnidaires de toutes sortes à l'image de ces madrépores jaunes (Leptosammia pruvoti).

    madrépores jaunes

    Les alcyons encroutants (Alcyonium coralloides) s'y développent également de manière impressionnante et formant de grandes colonies rougeâtres. Ils semblent en bonne santé et déploient avec vigueur de nombreux polypes.

    alcyons encroutants

    alcyons

    Cet environnement constitue un véritable paradis pour nos limaces de mer. A ce propos voici justement une nouvelle hervia qui se présente devant moi.

    hervia

    Je repère également quelques pontes de nudibranches par-ci par-là.

    A gauche de la ponte de nudibranches se trouve une grappe de polypes hérissés de pointes d'une clavulaire commune (clavularia crassa). La limace de mer a dû intentionnellement pondre à cet endroit, les polypes voisins serviront plus tard de nourriture à sa progéniture.

    L'arrivée du crépuscule correspond avec l'heure de sortie des ophiures lisses (Ophioderma longicauda). Leur activité est exclusivement nocturne et elles sont réglées comme des horloges. Dès que la lumière solaire baisse on les voit sortir lentement de leur cachettes en glissant sur la roche. Elles détestent tellement la lumière que si on les éclaire avec une lampe elles rebroussent chemin et retournent dans leur tanière ! Ce comportement m'épatera toujours compte tenu qu'elles n'ont pas de yeux pour percevoir l'éclat lumineux.

    ophiure lisse

    Face au large il n'y a pas beaucoup de poissons, juste une immensité bleue sombre qui surplombe de larges prairies de posidonies. En cette fin d'après-midi je croise surtout de grands bancs de castagnoles (chromis chromis).

    castagnole

    Il commence à faire assez sombre dans l'eau, du coup je stoppe ma progression en direction du cap du Sec et je retourne vers les premiers tombants avant de rejoindre le bord. Sur le trajet je tombe sur une petite méduse, il s'agit d'une pélagie (Pelagia noctiluca). Comme ses filaments urticants sont rétractés je peux l'approcher sans danger.

    pélagie

    pélagie

    Revenu au premier tombant, je décide de faire un peu d'apnée et de visiter les petites cavités que je perçois vers trois à quatre de profondeur. Quelques poissons s'y cachent, notamment de jeunes castagnoles reconnaissables aux lignes bleues électriques présentes sur leur tête, leurs nageoires et sur le corps pour les juvéniles. Les castagnoles sont souvent craintives et très vives, elles ne se laissent pas photographier facilement mais en persévérant je finis quand même par obtenir une image de l'une d'entre elles.

    castagnole juvénile

    Un gros apogon commun (apogon imberbis) tient compagnie aux jeunes castagnoles.

    apogon

    Ces trous bien à l'abri de la lumière sont bien sûr richement garnis de coralligène. Quelques dentelles de Neptune (Reteporella grimaldii) attirent mon attention mais leur teinte verdâtre indique qu'elles ne sont pas en très bonne santé car des algues vertes recouvrent les parties mortes du bryozoaire. 

    dentelles de neptune

    dentelle de Neptune

    Ma sortie touche à sa fin. Il faut que je quitte l'anse du Sec avant qu'il ne fasse trop sombre car il faut arpenter un chemin quelque peu accidenté pour y accéder et le retour pourrait devenir compliqué dans le noir. Avant de sortir de l'eau je fais une dernière observation intéressante, je passe au dessus d'une jolie blennie de Roux (Parablennius rouxi) qui monte la garde sur un rocher peu profond.

    blennie de Roux

     

     

     

     


     

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    L'anse du Sec 

     

    L'anse du Sec fait partie du parc naturel des Calanques, elle est située au pied de l'imposant massif rocheux du Cap de l'Aigle à La Ciotat. Les falaises du Bec de l'Aigle sont les plus hautes falaises maritimes d'Europe, culminant à 394 mètres. La anse est accessible à pied en traversant le parc botanique du Mugel ou à la nage à partir du Petit Mugel et en dépassant la pointe de Nege Froume. Les fonds marins dans cette anse sont assez profonds, ils présentent un intérêt limité pour le snorkeler de surface. Par contre la anse est entourée de falaises de poudingues (conglomérats de galets) qui constituent dans l'eau de petits tombants ombragés où se développent du coralligène.

     

     

     


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