• Plongée dans la calanque de Seynerolles sur l'île Verte

    Située 1,5km du port de la Ciotat, l'île Verte fait partie du Parc National des Calanques. Cette petite île de 430 mètres de long doit son nom à son aspect particulièrement boisé tandis que son sol ocre constitué de poudingues nous rappelle que nous sommes juste en face du Mugel et de l'anse du Sec, la ressemblance entre les deux rives est frappante. Pour y accéder nous devons prendre le bateau navette au port de La Ciotat et après une courte traversée de 15 minutes nous accostons au débarcadère de la calanque Saint-Pierre. A notre arrivée sur l'île nous prenons sans attendre le petit sentier qui mène à la calanque de Seynerolles où nous comptons plonger.

    calanque de seynerolles ile Verte la ciotat

    La petite marche qui mène à Seynerolles est effectuée d'une traite au rythme du concert des cigales qui célèbrent comme il se doit le retour de la chaleur estivale. Avec le paquetage dans le dos et cette marche sportive Gilles et moi même sommes en ébullition et n'avons qu'une hâte, c'est de nous mettre à l'eau pour nous rafraichir ! 

    En deux temps trois mouvements nous enfilons les couches de néoprène et suons à grosses goutes. çà fait bizarre d'être littéralement trempés avant même d'être entrés à l'eau ! En plongeant dans la Méditerranée, j'ai l'impression d'être une coulée de lave se jetant dans un océan de fraicheur. Qu'est-ce que çà fait du bien !

    A Seynerolles le spectacle sous-marin ne tarde pas à commencer. En effet, dès les premiers mètres parcourus nous croisons pas mal d'étoiles de mer rouge (echinaster sepositus), même tout près du bord.

    étoile de mer rouge

    En pleine eau nous croisons pas mal d'athérines, des oblades, des saupes et quelques sars. Dès qu'on descend un peu en profondeur pour passer sa tête dans les trous pour explorer le coralligène on rentre sur le territoire des serrans chevrettes (srreanus cabrilla). 

    serran chevrette

    Et des anfractuosités, le site en regorge, par contre elles sont pour la majorité d'entre elles à quelques mètres sous la surface donc il faut enchainer les petites apnées pour les visiter, cette plongée est donc plutôt physique. Certaines abritent quelques jolies surprises comme ces dentelles de Neptune (reteporella grimaldii).

    dentelles de neptune

    En faisant le tour d'un des gros îlots qui borde la calanque de Seynerolles, je remarque à 7 mètres de profondeur au dessous de nous quelques gorgones jaunes (eunicella cavolini).

    gorgones jaunes

    Avec Gilles nous descendons à tour de rôle en apnée pour pouvoir aller les observer de plus près. Je suis assez content, mes sinus me laissent tranquilles et je parviens à me fixer sans soucis au niveau d'une belle gorgone bien ramifiée pour la photographier. Malheureusement elle n'a pas beaucoup de polypes déployés.

    gorgone jaune

    C'est au tour de Gilles d'aller les prendre en photo près du fond.

    Un peu plus loin je découvre d'autres gorgones plus profondes que les précédentes. Avec leur rameaux longs, parallèles et peu ramifiés je reconnais assez rapidement qu'il s'agit de gorgones blanches (eunicella singularis). Je suis content d'en observer car cette espèce est habituellement assez profonde et surtout accessible aux plongeurs équipés de bouteilles. De mon côté je tente à nouveau une apnée mais parvenu à 8 ou 9 mètres je suis obligé de déclencher, je n'irai pas plus près car mes sinus et mes tympans se réveillent douloureusement. Cette gorgone blanche est un peu trop profonde pour moi.

    gorgone blanche

    Du côté de l'îlot qui fait face au large nous passons à travers un grand banc de castagnoles (chromis chromis). Quelques bogues (boops boops) se mêlent à elles.

    Je continue d'explorer les crevasses que je rencontre sur mon chemin et l'une d'entre elle abrite à nouveau un serran chevrette (serranus cabrilla).

    serran chevrette

     

    serran chevrette

    Je ne vais pas vous présenter ici toutes les éponges qui ont été observées durant cette sortie car comme au Mugel, la calanque de Seynerolles en regorge ! Parmi les espèces observées j'ai envie de vous proposer quand même l'originale éponge orange épineuse (acanthella acuta) que j'ai repéré sous un promontoire vers trois mètres de profondeur. Il n'est pas très commun de la croiser en snorkeling.

    éponge épineuse orange

    Ce spot abrite également des tuniciers, voici le siphon d'une ascidie noire (phallusia fumigata). Les spécimens rencontrés sur le littoral provençal présentes d'élégants petits points jaunes dans leur tube, ce n'est pas forcément le cas des autres membres de cette espèce fréquentant les eaux d'autres recoins de la Méditerranée.

    ascidie noire

    Nous voilà à l'entrée d'une grotte peu profonde. Dès que nous pénétrons dans les parties les plus sombres de la cavité les parois rocheuses se recouvrent d'une tapisserie naturelle aux mille couleurs. Ici les alcyons encroutants (alcyonium coralloide) magentas partagent le terrain avec les zoanthaires jaunes (parazoanthus axinellae).

    Par endroit on se croirait presque sur une autre planète tellement le décors bariolé semble surréaliste.

    Un triptérygion nain (triptérygion melanurum) paraît régner sur cet endroit du haut de son promontoire.

    triptérygion nain

    Les cavités servent souvent d'abri à une multitude d'espèces de poissons, ici un trou sert de refuge à une castagnole (chromis chromis).

    Des rascasses brunes (scorpaena porcus) fréquentent aussi les lieux, ce n'est pas étonnant car ces poissons affectionnent les trous sombres où elles se tiennent immobiles à l'affut d'éventuelles proies (petits poissons, crevettes ou crabes) qui pourraient passer à leur portée. Celle-ci présente une teinte qui vire au jaunâtre par mimétisme avec les zoanthaires jaunes qui abondent dans cette grotte.

    Dans les recoins les plus obscurs vivent des populations d'apogons communs (apogon imberbis). L'été c'est la période de reproduction de cette espèce et justement je surprends visiblement une femelle avec un gros ventre plein d'oeufs. Lorsqu'elle les expulsera le mâle viendra les récupérer pour les placer dans sa bouche afin de les protéger.

    apogon

    Encore une rascasse brune, mais celle là mérite que je vous la montre car sa nuque apparaît couverte d'une large zone hérissée de pointes jaune vif. En fait cette espèce de rascasse est capable d’homomorphie mais également d’homochromie, c'est à dire qu'à l'image du poulpe elle peut changer la texture et la couleur de sa peau pour imiter son environnement ! Comme pour la rascasse précédente celle-ci imite les parois couvertes de zoanthaires jaunes.

    Je ne suis pas au bout de mes surprises dans cette grotte car voilà que j'observe une anémone tomate (actinia equina) en train de rejeter tout une colonie de minuscules bébés anémones !

    L'heure tourne et l'envie de prendre une pose se fait sentir. Nous sortons de la grotte en traversant un gros bancs d'athérines et partons retrouver nos affaires restées sur le bord.

    Sur le chemin je ne résiste pas à tirer le portrait d'un triptérygion rouge (triptérygion tripteronotus) mâle qui surveille fièrement son territoire.

    Nous profitons de la pause repas pour nous réchauffer un peu et admirer le paysage. Nous nous amusons d'observer les chamailleries de quelques triptérygions rouges qui s'agitent à fleur d'eau, juste sous nos pieds.

    calanque de Seynerolles

    Comme il nous reste du temps avant le retour du bateau navette nous décidons de prolonger un peu le plaisir et d'explorer une partie la façade nord de la calanque de Seynerolles. Nous retrouvons de ce côté le même décors riche en anfractuosités et en petits tombants ombragés. Un des trous que je visite est gardé par un beau serran écriture (serranus scriba), çà change un peu des serrans chevrettes.

    serran écriture

    Dans la zone battue par les vagues il est possible de croiser les belles girelles paons (thalassoma pavo), mais elles sont très vives et souvent difficiles à approcher. Voici une femelle, son corps est orange avec des rayures verticales claires et elle possède une tache noire sur le dos.

    girelle paon

    J'essaye de trouver l'énergie pour continuer à enchainer les descentes en apnée mais après les gros efforts du matin et le repas je me sens moins désormais beaucoup moins véloce. Dans les recoins cachés peu profonds je parviens quand même à débusquer un petit doris dalmatien (peltodoris atromaculata) bien installé dans le creux d'une éponge pierre, son met favori.

    doris dalmatien

    Une petite incursion à deux mètres de profondeur me permet de distinguer une nouvelle rascasse nichée dans une fissure. Mais celle-ci à une allure un peu différente des rascasses brunes observées jusqu'à présent, les taches claires et la ligne de petits points blancs observables sur ses flancs tendent à montrer qu'il s'agit d'une rascasse de Madère (Scorpaena maderensis) ! C'est ma première observation de cette espèce d'origine subtropicale sur notre littoral provençal.

    Puis sur un petit tombant abrité de la lumière du Soleil je repère toute une forêt d'eudendrium de Méditerranée. Après une courte recherche je ne tarde pas à trouver une hervia (cratena peregrina) qui se régale des polypes de l'hydraire.

    Gilles me fait signe qu'il est tend d'entamer le chemin du retour, on repart fatigués par les efforts répétés pour aller explorer les recoins cachés en profondeur mais pleinement satisfait car on s'en sera mis plein les yeux dans cette petite calanque de l'île Verte.

    En regardant le bateau navette arriver à l'embarcadère on se dit que l'île Verte mérite que l'on revienne explorer ses autres petites calanques. Mais ce sera pour de prochaines aventures sous-marines !


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  • Commentaires

    1
    Pascal Lebrun
    Dimanche 5 Juillet 2020 à 20:40

    Bonjour, plein les yeux ... merci beaucoup. Merci également pour toutes les identifications principalement des petites bestioles ... coolcoolcool

    2
    Lundi 6 Juillet 2020 à 12:02

    Bonjour Pascal ! Merci, en ce moment on est gâtés avec nos sorties riches en observation en tout genre. Bientôt c'est ton tour, les vacances approchent ?

    3
    vivienne
    Lundi 17 Août 2020 à 00:23

    Bonjour,

    Magnifique images sous-marines, votre blog est magnifiquement illustré.

    j'aimerais me rendre sur l'île Verte, combien coute la traversée ?

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    4
    Lundi 17 Août 2020 à 10:08

    Merci Vivienne,

    La traversée en bateau est courte, environ 15 minutes à partir du port de la Ciotat, mais il faut quand même débourser 13 euros par adulte.

    5
    Lundi 10 Janvier 2022 à 00:24

    A propos d'identification je viens de corriger celle de la dernière rascasse du compte rendu, il ne s'agit pas d'une rascasse brune mais d'une rascasse de Madère. C'est une observation un peu insolite car cette espèce est d'origine subtropicale, je l'ai déjà observé à Lanzarote (Canaries) et à Majorque (Baléares), la voilà maintenant arrivée sur le littoral provençal. Cette rascasse aime les mers chaudes, donc cette observation tend à illustrer une fois de plus le réchauffement de la Méditerranée.

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