• Longue plongée autour du cap de Nege Froume

    Alors que la météo maussade commence à clairement annoncer l'arrivée de l'automne, ce samedi matin le Soleil brille et il fait presque chaud, comme quoi l'été n'est pas encore tout à fait parti. Cette belle journée est une véritable invitation à retourner plonger, je saute sur l'occasion sans hésitation. Pour une fois j'ai du temps devant moi, j'ai l'intention d'explorer tout le secteur qui entoure le cap de Nege Froume dans les calanques de La Ciotat, en nageant du Petit Mugel à l'anse du Sec.

    Pour commencer je vous présente les explorations réalisées du côté du Petit Mugel car c'est ici que les observations ont été les plus intéressantes. La rencontre la plus marquante a été réalisée parmi les petits îlots qui bordent le Nege Froume. Outre le fait que j'y ai croisé par le plus grand des hasards mon ami Vincent, nous avons pu y observer ensemble une superbe dondice de Banyuls (Nemesignis banyulensis). Ce nudibranche de belle taille présente une toison flamboyante et son corps apparaît parcouru de fines lignes blanches éclatantes. Cet animal est réellement magnifique !

    dondice de Banyuls

    A l'étage inférieur, la roche est couverte de coralligène et d'éponges. J'étudie attentivement la paroi rocheuse en apnée et je remarque sur une éponge la présence de deux autres petites limaces de mer. Il s'agit d'un binôme de trapanies à lignes blanches (trapania lineata). Ces tout petits nudibranches se nourrissent d'entoproctes, de minuscules animaux qui se fixent en colonies sur les éponges.

    trapanie à ligne blanche

    A coté des limaces de mer je repère un joli apogon (apogon imberbis), un beau poisson que j'observe assez régulièrement. Malgré sa relative abondance je ne me lasse pas de le photographier, je le trouve très esthétique avec ses grands yeux striés de deux fines lignes blanches.

    apogon

    Avec Vincent nous continuons notre petit tour dans la calanque, sur le trajet je croise une dorade royale (sparus aurata) qui nage près de moi.

    dorade royale

    A l'entrée d'une grotte je découvre une grosse planaire qui se déplace lentement sur les galets qui tapissent le sol. Voilà un ver plat noir (Pseudobiceros splendidus), c'est la première fois que je l'observe. Décidément, le Petit Mugel ne cessera jamais de m'étonner par la richesse incroyable de sa biodiversité ! C'est probablement le spot dans lequel je plonge le plus souvent et pourtant je parviens toujours à trouver des espèces que je n'avais encore jamais vu.

    ver plat noir

    Ce ver plat noir est vraiment très beau, il présente une large robe noire d'encre surlignée de orange sur l'ensemble de sa bordure. Son corps aussi fin qu'une feuille ondule sur l'ensemble de ses extrémités, on dirait la robe d'une danseuse espagnole !  Cet animal se nourrit notamment d'ascidies et de bryozoaires.

    ver plat noir

    Je laisse Vincent à ses explorations du côté du Mugel et je pars dans l'anse du Sec en franchissant le cap de Nege Froume.

    anse du Sec

    Ici il y a pas mal de grands bancs de poissons, notamment beaucoup de castagnoles (chromis chromis).
     

    En nageant en pleine eau pour me rendre sur les tombants, je remarque autour de moi de nombreux petits globules semi-translucides qui se laissent porter par le courant. En les regardant de plus près je reconnais ces petits organismes planctoniques que j'ai déjà eu l'occasion d'observer en compagnie de François dans la calanque de Morgiou, il s'agit de radiolaires coloniaux pélagiques (collozoum inerme). 

    collozoum inerme

    De ce côté du cap de Nege Froume ces petits organismes sont très nombreux, il y en a tout un tas qui flottent autour de moi. Ils sont formés de l'agrégation de milliers de cellules individuelles. Les cellules produisent et vivent dans une gangue gélatineuse commune. Les collozoums peuvent avoir une structure globulaire simple ou multiple.

    collozoum inerme

    Sur le tombant je retrouve de belles limaces de mer. L'anse du Sec est un véritable spot à nudibranches, on y observe régulièrementt plusieurs espèces, parmi celles-ci citons la flabellines mauve (flabellina affinis). 

    flabelline mauve

    Un peu plus loin deux autres flabellines mauves sont en phase d'accouplement. Elles vont ensuite pondre directement les grappes d’œufs sur les branches d'eudendrium qui leur servent de nourriture. Au bout de 5 à 8 jours, l’éclosion aura lieu et les larves pélagiques seront emportées par les courants vers d’autres supports. Elles peuvent ainsi dériver pendant une année avant de trouver un support qui les accueillera et permettra leur croissance. 

    flabellines mauves

    Mais dans les calanques de la Ciotat les limaces de mer les plus nombreuses sont sans aucun doute les hervias (cratena peregrina). Durant cette sortie j'ai dû en observer au moins une trentaine !

    hervia

    Les tombants de l'anse du Sec abritent également de nombreuses blennies. L'une d'entre elle, une blennie gattorugine (parablennius gattorugine) peu farouche, a bien voulu se laisser approcher.

    blennie gattorugine

    Le festival des limaces de mer continue, cette fois-ci c'est une minuscule calmella (calmella cavolini) qui se révèle à moi. Ce petit nudibranche scrute avec envie de belles grappes de polypes d'hydraires situées en contrebas. En plus la branche d'eudendrium convoitée n'est pas occupée, c'est son jour de chance ! 

    calmella

    Alors que je photographie la calmella un nouveau radiolaire colonial défile devant mon masque. 

    collozoum inerme

    En regardant tout autour de moi je m'aperçois qu'il n'est pas seul, d'autres collozoum m'environnent. Certains présentent des structures multilobées assez complexes. 

    Mais il n'y a pas que d'inoffensifs organismes planctoniques qui se laissent porter par les vagues, voici une méduse pélagie (pelagia noctulica) qui dérive près des rochers. Par chance celle-ci n'a pas déployé ses fins filaments urticants, du coup elle ne présente aucun danger et j'ai même le loisir d'aller détailler son ombrelle de très près.

    pélagie

    Avant de sortir de l'eau je longe la côte rocheuse. Alors que je fais une petite descente à quelques mètres de profondeur pour observer une éponge, je remarque sur ma gauche une très grosse rascasse brune (scorpaena porcus) tapie dans l'ombre d'un creux. Sa taille est vraiment impressionnante, je finis cette plongée en beauté ! 

    rascasse brune

    Encore une sortie dans les calanque de La Ciotat riche en découvertes, sur ce spot on est rarement déçu ! 

     

     


     

    http://ekladata.com/pKZInWQrtNko3NvafqLPODA6V68/GPS-icon.png    

    L'anse du Sec 

     

    L'anse du Sec fait partie du parc naturel des Calanques, elle est située au pied de l'imposant massif rocheux du Cap de l'Aigle à La Ciotat. Les falaises du Bec de l'Aigle sont les plus hautes falaises maritimes d'Europe, culminant à 394 mètres. La anse est accessible à pied en traversant le parc botanique du Mugel ou à la nage à partir du Petit Mugel et en dépassant la pointe de Nege Froume. Les fonds marins dans cette anse sont assez profonds, ils présentent un intérêt limité pour le snorkeler de surface. Par contre la anse est entourée de falaises de poudingues (conglomérats de galets) qui constituent dans l'eau de petits tombants ombragés où se développent du coralligène.

     

     

     


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  • Commentaires

    1
    gillounet
    Lundi 4 Octobre 2021 à 21:46

    Belle plongée et belles photos Laurent ! Bientôt, il faudra le mode Microscope - Poisson sur les TG Olympus. Ca me donne envie d'essayer... Les calmella et les trapanies, que c'est joli ! Plus c'est petit, plus c'est mignon.

     

    2
    Mardi 5 Octobre 2021 à 00:02

    Salut Gilles !

    Oui les trapanies sont très mignonnes, j'ai bien repéré où se trouve leur éponge, la prochaine fois qu'on retourne plonger au Mugel on essayera de les retrouver si d'ici là elles n'ont pas déménagé.

    Sinon le mode microscope existe sur le TG4 mais il est très difficile à utiliser sous l'eau, il faut être hyper stable pour parvenir à faire des images nettes et avec la houle les conditions sont rarement exploitables ... Mais heureusement le mode macro fonctionne toujours très bien, c'est mon mode favori !

    3
    Dimanche 10 Octobre 2021 à 18:08

    Hello Laurent ! Merci pour cette promenade, ce partage toujours aussi agréable... J'avoue avoir un faible pour les limaces de mer si colorées ! Tu m'as transmis le virus (sans jeu de mot ) yes !! 

    4
    Lundi 11 Octobre 2021 à 19:26

    Salut Jean-Pierre,

    Et oui elles sont magnifiques nos limaces de mer de Méditerranée :)

    Beaucoup de plongeurs en sont fans, d'ailleurs dès qu'on cherche un livre spécialisé sur le sujet ils sont tous épuisés ! C'est dire si elles ont du succès.

    Non seulement elles sont belles mais en plus comme elles sont plutôt petites çà devient un peu un jeu de parvenir à les débusquer parmi les algues et les éponges.

    5
    Nico06
    Mardi 16 Novembre 2021 à 14:01

    Très belles photos Laurent, les limaces de mer sont magnifiques, en particulier cette dondice flamboyante !

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    6
    Mardi 16 Novembre 2021 à 19:05

    Merci Nico ! C'était une belle sortie avec des observations rares pour ce spot du Mugel, la dondice, le ver plat noir, c'était la première fois que je les croisais. C'est vrai que la dondice à des couleurs magnifiques, en plus elle a une belle taille, un peu comme les hervias, elle n'est pas difficile à voir.

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