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Autour des dunes sous-marines de la anse de Boumandariel
Pour cette nouvelle plongée en snorkeling je vous emmène à Sausset les Pins sur la Côte Bleue. Je vais m’atteler à explorer la anse sablonneuse de Boumandariel ainsi que les petites falaises rocheuses qui l'entoure. Par chance il fait très beau en ce samedi 8 mai et comme la température de l'air a été assez chaude toute la semaine je me dis que dans ces conditions je peux commencer à retirer quelques épaisseurs de néoprène. Et j'ai bien fait car la mer s'est effectivement réchauffée, à 17°C la combinaison de 2 mm est suffisante, la belle saison pour la randonnée palmée semble enfin arriver !
Les fonds sous-marins de la anse de Boumandariel ressemblent à première vue à un immense désert sous-marins ou les rides de sable (les ripple marks) s'enchainent à perte de vue. On se dit alors que la plongée risque d'être ennuyeuse et monotone.
Mais l'observateur attentif saura déceler quelques animaux cachés dans ses dunes miniatures. Je profite de n'avoir plus que ma combinaison de 2 mm sur le dos pour retrouver de bonnes sensations en apnée, avec mes 5 kg de lestage à la ceinture je parviens à nouveau à nager près du fond, quel plaisir de retrouver de la facilité à descendre ! Cette aisance retrouvée me permet de repérer un petit rombou (bothus podas) extrêmement bien camouflé sur le sable. Sans être placé près du fond je ne l'aurais jamais débusqué !
Je ne m'attarde pas dans le secteur sablonneux pour rejoindre la côte rocheuse. Les poissons sont un peu plus nombreux ici, j'y observe un loup et quelques sars communs (diplodus sargus). Malheureusement ils sont tous très farouches et difficiles à approcher.
J'aime beaucoup passer du temps à explorer en apnée les anfractuosités cachées sous les blocs rocheux. On se demande toujours sur quelle surprise nous allons tomber. Ici je tombe sur un madrépore solitaire, il s'agit d'une dent de cochon (Balanophyllia europaea). Il est accompagné par un petit hydraire.
En inspectant les recoins les plus obscurs avec la lampe Qudos Action je repère un gastéropode de bonne taille niché au fond d'un trou. Mon regard est attiré par son pied musculeux franchement orangé. Avec sa coquille parfaitement conique il me semble reconnaître un buccin. Après une petite recherche à mon retour à la maison j'ai pu identifier sans ambiguïtés un buccin veiné (Euthria cornea). Ce mollusque est quasi-endémique à la Méditerranée.
En suivant les mouvements d'un crénilabre je découvre un passage sous les rochers.
De l'autre côté du tunnel je retrouve mon crénilabre, il s'agit d'une femelle de crénilabre à cinq taches (symphodus roissali).
Malheureusement je ne peux pas prolonger mon exploration de la côte rocheuse car le chemin est barré par de nombreuses lignes de pêche lancées depuis la falaise en enfilade ... C'est la poisse. Je décide donc de retourner vers les fonds sablonneux et de traverser la anse pour me rendre sur l'autre rive. Depuis la surface je repère un gros rombou posé sur le fond vers quatre mètres de profondeur.
J'effectue une petite apnée pour aller lui rendre visite. Le rombou (bothus podas) se reconnait assez facilement car il possède une tache noire sur la bas du dos et son corps est couvert de motifs ressemblant à de petites marguerites.
Je multiplies les descentes pour l'observer de plus près. Je note que l'écartement des yeux n'est pas très important, l'espacement est équivalent au diamètre d'un oeil, cela indique qu'il s'agit d'une femelle. Le petit rombou observé précédemment à les yeux beaucoup plus écartés, il s'agissait d'un mâle.
Je continue ma progression à travers la anse et je tombe à un moment donné sur une sorte d'épave, sans trop savoir de quoi il s'agit vraiment. Ce genre de vestiges solides constitue de véritables petits atolls de vie au milieu de la mer de sable. Toutes sortes d'organismes vient s'y fixer et cela attire généralement les poissons. Le problème de ce mat dressé vers la surface c'est qu'il est entouré d'un amalgame de fils de pêche ou d'un morceau de filet, c'est un piège mortel et inutile pour les poissons qui pourraient passer par là mais également un danger pour les plongeurs ou les baigneurs ! Il serait facile de s'y accrocher et de ne plus parvenir à remonter à la surface, il faut donc être très vigilent lorsqu'on en croise et ne pas s'en approcher. Il peut également être utile de plonger équipé d'un couteau au cas où un tel accident se produirait, on est jamais trop prudent !
Sur l'autre rive je retrouve un environnement rocheux mais de ce côté de la anse la houle est assez forte. Malgré cela, la lisière entre les blocs rocheux et la mer de sable offre un joli contraste de couleur.
Dans la zone battue par les vagues, tout près de la surface, j'observe une blennie trigloïde (Lipophrys trigloides). Il s'agit d'une espèce très fréquente sur nos côtes, elle est facile à reconnaître avec sa tête massive et sans tentacules.
L'endroit est apprécié par de nombreuses espèces de blennies mais aussi par quelques espèces de poissons de roche comme le rouget barbet (mullus surmuletus). Ce rouget présente une ligne latérale foncée le jour alors que sa livrée devient marbrée la nuit.
Cette sortie touche déjà à sa fin. La plage de Boumandariel est un bel endroit, le cadre est très agréable, mais ce spot est malheureusement trop investis par les pêcheurs à la ligne à mon goût pour présenter un grand intérêt pour le snorkeling.
L'anse de Boumandariel L'anse de Boumandariel se situe entre Sausset les Pins et la Couronne (Martigues) sur la Côte Bleue. Elle abrite une grande plage de sable qui marque l'embouchure de la roselière du vallon du Grand Vallat. De part et d'autre de cette plage le littoral se compose de falaises rocheuses calcaires blanches ou de poudingues. Elles sont plus ou moins hautes et abritent quelques petites criques. La anse englobe également une autre petite plage, celle du Four à Chaux. Certaines parties de la façade rocheuse sont intéressantes à explorer en snorkeling mais il faut faire attention de ne pas se prendre dans les lignes des pêcheurs qui aiment s'y installer.
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Commentaires
Salut Julien !
Oui 17°C c'était vraiment appréciable, c'est fou qu'elle était à seulement 13°C dans l'Esterel, d'habitude du côté du Var elle est toujours plus chaude ! En tout cas tu as de superbes fonds et de belles criques à explorer là bas, tu as dû te régaler. Et si jamais du vient du côté des Bouches du Rhône fait moi signe, on ira plonger ensemble :)
Sinon pour les pêcheurs c'était vraiment la poisse, je me demande ce qu'ils parviennent à attraper car sous l'eau les poissons n'étaient pas spécialement nombreux là où ils s'installent. D'ailleurs çà doit être pour çà qu'ils multiplient les cannes à pêche et les lignes le long de la falaise, pour augmenter les chances de faire des prises. Moins il y a de poissons plus ils installent de ligne, et plus ils installent de lignes moins il y aura de poissons, c'est le serpent qui se mord la queue !
3jeandefloretteSamedi 15 Mai 2021 à 13:57Bonjour Laurent,
Je vois que tu continues tes explorations de la côte bleue. Parfois en découvrant des lieux très jolis comme celui là mais peu riches côté sous marins. Mais tu découvres toujours une espèce jamais observée ce qui justifie ta sortie. C'est super! Ici le Buccin veiné. Quant à moi je te signale que le mérou est toujours présent au Mugel ce qui m'a réjoui récemment.
Amitiés.
Salut André !
Oui j'essaye de tester de nouveaux coins de plongée, mais ils sont loin de parvenir à égaler le Petit Mugel, l'Anse du Sec ou Morgiou ! Avec la belle saison qui arrive et la fin des contraintes de déplacements liées au covid je sens que je ne vais pas tarder à retourner à mes classiques !
Comme tu as pu le noter, j'ai quand même pu observer quelques espèces inédites au niveau des mollusques gastéropodes avec le rapane et le buccin veiné, c'est toujours plaisant de croiser de nouveaux animaux qu'on ne voit pas habituellement.
Et pour le mérou du Mugel c'est une bonne nouvelle, çà veut dire qu'il a survécu à la saison de pêche et que sa cachette est efficace ! J'espère pouvoir l'observer à nouveau, et j'espère qu'il se reproduira pour générer toute une population de mérous au Mugel :)
Si jamais tu as envie qu'on plonge ensemble un de ces jours n'hésite pas à me faire signe, il arrive que j'ai des dispos en semaine.
Amitiés
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Wouah ! 17°, c'est les tropiques !
c'est incroyable, autant de pêcheurs. ça délimite fortement tes balades.
la semaine dernière, j'étais à St Raphael, dans les calanques de l'Esterel. L'eau était à 13° ....
mais avec les épaisseurs, ça passait. et un beau spectacle.