La saison touristique touche à sa fin et petit à petit le littoral va retrouver sa quiétude. Les belles journées sont toujours là malgré la rentrée de septembre qui approche, nous donnant envie de retourner à l'eau même si les vacances sont terminées et qu'on a évidemment moins de temps pour çà. Malgré un emploi du temps bien rempli j'ai quand même essayé de profiter d'un petit créneau de libre en fin d'après-midi pour retourner plonger, cette fois-ci j'ai pris la direction de la superbe calanque de Figuerolles à la Ciotat. Comme je n'ai qu'une grosse heure devant moi je n'ai pas pris le temps d'enfiler la combinaison, du coup j'ai trouvé la mer un peu fraiche, mais sans mon équipement habituel je n'étais peut-être pas très objectif. En tout cas je me suis vite acclimaté et le désagrément est vite oublié sur un spot aussi riche en faune car l'attention est vite captée par tout ce qu'il y a voir.

Je commence ma randonnée aquatique par la façade ouest de la calanque, de ce côté une partie des parois rocheuses sont déjà passées à l'ombre en cette fin d'après-midi. Une ophiure lisse (Ophioderma longicauda) a bien senti que la lumière commençait à décliner, elle qui déteste la lumière et ne sort que la nuit, est déjà prête à partir chasser.

Cette calanque abrite quelques grottes que j'explore avec ma petite lampe Qudos Action. Je n'y observe pas grand chose d'intéressant, si ce n'est une blennie gattorugine (parablennius gattorugine) posée sur le fond.

Cette dernière est surprise par l'éclat de ma lampe, elle tente de se cacher derrière une protubérance rocheuse.

je fais demi-tour et je remarque la présence d'un crustacé qui bouge à l'entrée d'une toute petite cavité. En m'approchant je découvre qu'il s'agit d'une jeune galathée (Galathea squamifera), elle est peu farouche et semble même intriguée par ma lumière. Je l'observe avec curiosité et constate qu'elle avance prudemment vers moi, comme elle est partiellement sortie de son trou j'en profite pour lui tirer le portrait.

Je sors de la grotte et longe désormais une petite paroi verticale très ombragée. Par ici quelques zones apparaissent couvertes d'hydraires, cet endroit semble correspondre au biotope préféré de pas mal de limaces de mer. Mon intuition a été la bonne car je ne tarde pas à en repérer quelques-unes, il s'agit d'hervias (cratena peregrina).

Par chance ce recoin de la calanque n'est pas trop agité, du coup je peux m'appliquer pour réaliser quelques images de ces beaux nudibranches aux couleurs flamboyantes. Les hervias font partie des espèces qui ne sont pas trop difficiles à repérer car elles sont d'une taille raisonnable. En plus leur corps blanc éclatant et leurs cérates bleutés contrastent assez bien avec l'environnement souvent foncé dans lequel elles vivent.

Sur cette paroi il n'y a pas que des buissons d'hydraires, quelques éponges comme cette clathrine blanche (Clathrina contorta) s'y sont également fixées.

Et revoilà une hervia, elles sont décidément nombreuses sur ce petit tombant de Figuerolles ! Ces limaces de mer conservent les cellules urticantes des hydraires qu'elles grignotent au niveau de leurs longues papilles dorsales bleutées (les cérates) afin de leur servir de moyen d'autodéfense. Les cérates jouent un autre rôle prépondérant dans la vie de ces animaux, ils permettent d’augmenter les échanges gazeux avec le milieu aquatique car ces nudibranches ont en fait une respiration cutanée.

Je décolle un peu le nez des rochers et je me lance en pleine eau où je croise un banc de mulets. En les regardant attentivement je remarque qu'ils sont escortés par deux loups (Dicentrarchus labrax).

En nageant au dessus des zones profondes je repère un gros poisson lézard rayé (sinodus saurus) posé parmi les algues. C'est une belle surprise car je n'en observe pas très souvent sur notre littoral. J'ai bien envie de le découvrir de plus près, du coup je descends lui rendre visite vers 6 ou 7 mètres de fond.

Je retourne vers la côte rocheuse car une large et longue ouverture dans la falaise se présente à moi. Son exploration ne me dévoile pas grand chose d'intéressant mis à part quelques belles ascidies, à l'image de cette synascidie de Lacaze (Polysyncraton lacazei) très colorée. Cette espèce peut présenter des teintes très différentes mais la couleur orangée est la plus répandue.

Une autre ascidie a retenu mon attention, il s'agit d'une fraise de mer (aplidium elegans). Les colonies de cette espèce se développent surtout pendant l'été.

En sortant de la petite gorge je me retrouve face à un grand banc d'athérines, il est tellement étendu qu'il semble barrer l'horizon. Bien entendu en le traversant les petits poissons se sont écartés en bougeant de façon très coordonnée de part et d'autre de mon corps.

Vers quatre mètres de profondeur un serran chevrette (serranus cabria) surveille son territoire. Je le rejoins près du fond en me fixant parmi les rochers situés à proximité de lui. J'observe un petit moment son comportement et comme ce poisson est très curieux, çà n'a pas raté, il est rapidement venu m'inspecter. C'est marrant comme les serrans chevrette ne supportent pas les intrus, en plus ils ont systématiquement besoin de le faire savoir !

Je décide maintenant de changer de côté et de traverser la calanque afin de rejoindre l'autre rive. Une fois parvenu sur la falaise est, je tombe nez à nez avec un joli triptérygion rouge (Tripterygion tripteronotus) mâle qui surveille ses rivaux du haut de son petit promontoire.

Alors que je photographie le triptérygion, mon oeil est attiré par une grande flabelline mauve (flabellina affinis) qui arpente le substrat en quête d'hydraires. Comme les hervias, elles apprécient particulièrement les polypes d'eudendrium de Méditerranée, il n'est donc pas rare de trouver les deux espèces réunies dans le même biotope.

Cette année j'ai remarqué qu'une autre espèce de nudibranche prospère dans les calanques de la Ciotat, il s'agit de la facéline à stries rouges (facelina rubrovittata). Elle est bien plus petite que l'hervia ou la flabelline mauve, il faut donc bien ouvrir l'oeil pour la débusquer. Par contre elle est facilement reconnaissable avec ses cérates marron clair et les petites lignes oranges qui parcours son corps.

En retournant en direction de la plage je continue à inspecter attentivement les fonds marins. Même si ma nage est très lente, mes mouvements mettent en agitation une blennie pilicorne (parablennius pilicornis). Je m'arrête un instant de bouger pour ne pas l'effrayer, puis dans un geste lent j'oriente mon appareil photo dans sa direction pour l'immortaliser. Cette espèce de blennie est originaire de l'Atlantique tempéré, mais elle est de plus en plus présente en Méditerranée occidentale. En fait elle est plutôt cosmopolite car en la rencontre également en mer Rouge et dans l'Océan Indien ! En tout cas elles sont plutôt nombreuses à Figuerolles.

Avant de sortir de l'eau je n'ai pas résisté à aller faire un dernier petit tour au dessus des étendues sablonneuses. Comme souvent, ce milieu abrite quelques rombou (bothus podas) que je tente de trouver depuis la surface malgré leur remarquable capacité à imiter la teinte de leur environnement (l'homochromie). J'effectue une ultime apnée vers trois ou quatre mètres pour essayer de détailler l'un de ces poissons plats.

Malheureusement le rombou que j'ai choisi d'approcher trouve que je m'intéresse d'un peu trop près à lui, du coup il décide de nager vers un nouveau coin plus tranquille. J'attends qu'il se pose à nouveau sur le sable pour le rejoindre et l'observer de plus près. Je trouve que ce rombou méritait bien quelques efforts car il présente vraiment de belles couleurs. Mais je n'insiste pas plus avec lui car c'est en restant immobile qu'il parvient à surprendre ses proies et je ne veux pas trop perturber sa partie de chasse. Cette espèce se nourrit principalement de petits invertébrés et de petits poissons.

Cette magnifique calanque mérite le détour pour la richesse de ses fonds marins mais aussi pour l'incroyable beauté de ses falaises de poudingues et de son remarquable pic du rocher du Capucin. Mais plonger à Figuerolles nécessite quand même quelques efforts car pour accéder à la mer il faut obligatoirement arpenter son long escalier avec le paquetage sur le dos !

 

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La calanque de Figuerolles

 

La calanque de Figuerolles à la Ciotat fait partie du parc national des Calanques. Cette calanque encaissée offre aux visiteurs un point de vu magnifique, ses falaises de poudingues ocres plongent dans les eaux turquoises de la Méditerranée. Les reliefs de la calanque sont dominés par un pic rocheux caractéristique ressemblant à une tête d'aigle ou de lion selon l'imagination de l'observateur, il s'agit du rocher du Capucin. La crique de Figuerolles comprend une plage de galet dont l'accès se fait par un long escalier escarpé peu évident à arpenter pour les plongeur chargés de matériel et de poids de lestage ! Les fonds marins de la calanque sont intéressants à explorer en snorkeling, la faune est très riche le long des tombants des falaises et autour de l'îlot qu'elle englobe. Le fond de la crique devient quant à lui rapidement profond, il concernera plutôt les apnéistes ou les plongeurs bouteilles.