• Les trésors des tombants ombragés de l'Anse du Sec

    Après un début de matinée brumeux, les voiles diffus qui masquaient le Soleil s'en sont allés. Je déambule à travers le parc botanique du Mugel pour rejoindre la magnifique anse du Sec et ses paysages incroyables, un site haut en couleur et peu fréquenté qui constitue un beau spot pour le snorkeling, un de plus dans ce secteur de La Ciotat !  L'eau s'est un peu réchauffée depuis ma dernière sortie, avec une température de 18°C je peux plonger avec la combinaison de deux millimètres sans trop de soucis.

    Anse du Sec

    Le plus difficile dans ce milieu particulièrement escarpé est de trouver un accès à la mer permettant une mise à l'eau facile mais également de remonter sur la terre ferme. Je repère rapidement un petit cap rocheux peu pentu qui me paraît idéal pour cela. 

    Anse du Sec

    C'est parti pour de nouvelles aventures sous-marines qui semblent prometteuses, je parcours les tombants ombragés qui offrent pas mal de recoins cachés à explorer. Pour m'échauffer je commence par du classique, voici un beau triptérygion nain (Tripterygion melanurum),  vous allez me dire "encore !", mais c'est plus fort que moi, je les trouve tellement colorés que je ne peux pas m'empêcher de les photographier à chaque sortie !

    triptérygion rouge

    En passant la tête sous un promontoire rocheux, j'observe en apnée une hervia (cratena peregrina) qui se promène sur des eudendriums en quête de polypes à déguster. Celle-ci me tourne le dos mais je sais qu'il y a toute une population d'hervias sur le site et j'espère bien pouvoir en trouver des plus faciles d'accès qui se présenteront sous un meilleur profil !

    hervia

    Un peu plus loin mon regard est intrigué par une sorte d'éponge très étrange, en fait il s'agit d'un bryozoaire Schizoporella brun (Schizoporella errata) qui se présente comme une base encroutante sombre d'où émergent des cornets orangés.

    Schizoporella brun

    Il n'y a pas que des hervias dans le secteur, voici une thuridille de Hope (Thuridilla hopei) qui ressemble beaucoup à l'élysie timide mais en plus colorée.

    thuridille de Hope

    En y regardant de plus près j'en repère une autre pas loin qui serpente entre les algues.

    thuridille de Hope

    Pendant que je photographie les thuridilles je distingue du coin de l’œil une blennie de Roux (Parablennius rouxi) qui s'agite à 1 ou 2 mètres en dessous de moi. Comme il est rare que j'en croise lors de mes sorties je laisse momentanément les limaces de mer pour aller vite lui rendre une petite visite. Mais la blennie semble craintive et elle part vite se cacher avant que j'ai pu l'approcher.

    blennie de Roux

    Je progresse maintenant vers un autre tombant très surprenant car il est véritablement tapissé de cnidaires ! On y trouve quelques jolis alcyons encroutants (Alcyonium coralloides).

    Mais le plus impressionnant, c'est la colonie de zoanthaires jaunes (Parazoanthus axinellae) qui recouvre une bonne partie de la paroi rocheuse. Devant moi s'étend donc un surprenant mur jaune !

    colonie de zoanthaires jaunes

    Au dessus des zoanthaires s'étend également une colonie d'eudendriums de Méditerranée (Eudendrium racemosus) où l'on trouve quelques nudibranches à l'image de cette flabelline mauve (flabellina affinis) en train de se repaitre de polypes.

    flabelline mauve

    Bien sûr les hervias sont également présentes, elles sont même très nombreuses sur toute la anse du Sec, lors de cette sortie j'ai pu en observer pas moins d'une trentaine ! 

    hervias

    Mais les limaces de mer ne sont pas les seules habitantes du tombant, un beau pagure anachorète (pagurus anachoretus) me fait face fièrement, droit sur ses pattes hirsutes !

    pagure anachorète

    Il y a deux mois j'ai été contacté par Anne Tessier, docteur en océanologie et responsable du bureau d'étude Marepolis, qui recherchait une image d'une holothurie noire afin de figurer en illustration dans une mallette pédagogique destinée à faire connaître la faune sous-marine du parc du Golfe du Lion aux enfants.

    Je me suis alors rendu compte que les photographes sous-marins étaient peu nombreux à s'intéresser aux concombres de mer, à tord car même s'ils ne sont pas toujours très esthétiques ils jouent un rôle important pour l’écologie des océans en filtrant le substrat et en nettoyant les fonds marins.

    Fier de contribuer modestement à ce projet de sensibilisation à destination des plus jeunes, je continue donc de photographier nos "chichis de mer" comme on les appelle à Marseille, voici un beau concombre cracheur marron (holothuria sanctori) dans une variante marron uniforme.

    concombre cracheur marron

    Une nouvelle hervia attire mon attention car celle-ci se tient près de sa ponte directement fixée sur les branches d'eudendriums.

    hervias

    Avant de changer de lieu et de partir poursuivre mes explorations sur un autre tombant je photographie un nouveau triptérygion rouge. Ce dernier présente une livrée de transition, son corps n'est pas encore bien rouge. 

    triptérygion rouge

    Je traverse la anse en passant au dessus des herbiers profonds et je croise sur le chemin un gros banc de sauclets (atheria hepsetus) dont les écailles argentées reflètent la lumière.

    sauclets

    Je parviens jusqu'à un promontoire sous marin peu profond fréquentés par des bancs de saupes (sarpa salpa). 

    banc de saupes

    Me voilà arrivé à la paroi ombragée que je convoitais. J'ai déjà visité cette zone de la anse du Sec lors d'une précédente sortie, c'est ici que j'ai observé mes premières hervias. Mais cette fois-ci, le premier nudibranche que je croise c'est une flabelline mauve (flabellina affinis) bien reconnaissable à ses rhinopores annelés (se sont ses appendices sensoriels).

    flabelline mauve

    Puis survient une apparition qui me ravit, à près de trois mètres au dessous de moi je découvre un magnifique triptérygion jaune (triptérygion delaisi), il s'agit d'un mâle dans sa livrée de reproduction solaire ! Enfin j'en trouve un, depuis le temps que le cherchais ce triptérygion jaune !

    triptérygion jaune

    Sans hésiter je fais une petite plongée en apnée pour aller l'observer de plus près. La chose n'est pas aisée car il est très vif et il change constamment de place, ma présence semble le rendre nerveux. Au bout de quelques tentatives je finis par arriver à lui tirer le portrait alors qu'il s'est posé à proximité d'une éponge rognon.

    triptérygion jaune

    Je reprends mon souffle en surface où je retrouve les nudibranches. Voici une belle hervia (cratena peregrina) qui s'étire de tout son long pour passer d'un eudendrium à un autre.

    hervia

    Sur ce tombant aussi il y a des flabellines mauves. Sur cette image on aperçoit sa tache oculaire qui apparaît comme un tout petit point noir situé à la base de l'un de ses rhinopores.

    flabelline mauve

    Lors que je suis descendu voir le triptérygion jaune je me suis aperçu que mes sinus frontaux m'ont laissé tranquille. Cela me permet d'envisager d'explorer la paroi du tombant sur une plus grande profondeur. Et justement je distingue vers 5 ou 6 mètres un corail jaune que j'aimerais bien photographier de plus près.

    J'entame donc une descente en m'appliquant dans la phase du canard pour rejoindre la zone profonde le plus efficacement possible. Je compense, mes tympans passent parfaitement comme toujours, par contre une fois franchi 4 ou 5 mètres les sinus frontaux se font à nouveau sentir. Rien d'insurmontable heureusement, je peux donc tirer un portrait à ma gorgone jaune (eunicella cavolini) sereinement.

    gorgone jaune

    En descendant le long de la paroi j'ai remarqué au passage une petite cavité où vivent des apogons communs (apogon imberbis). Ma prochaine apnée leur est dédiée, je les retrouve vers 3 ou 4 mètres de profondeur.

    apogons communs

    Voilà deux heures que je suis dans l'eau et je procède à une dernière apnée à 5 ou 6 mètres pour aller voir la gorgone jaune sous un autre angle puisque aujourd'hui mon corps le permet. 

    gorgone jaune

     

     

     


     

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    L'anse du Sec 

     

    L'anse du Sec fait partie du parc naturel des Calanques, elle est située au pied de l'imposant massif rocheux du Cap de l'Aigle à La Ciotat. Les falaises du Bec de l'Aigle sont les plus hautes falaises maritimes d'Europe, culminant à 394 mètres. La anse est accessible à pied en traversant le parc botanique du Mugel ou à la nage à partir du Petit Mugel et en dépassant la pointe de Nege Froume. Les fonds marins dans cette anse sont assez profonds, ils présentent un intérêt limité pour le snorkeler de surface. Par contre la anse est entourée de falaises de poudingues (conglomérats de galets) qui constituent dans l'eau de petits tombants ombragés où se développent du coralligène.

     

     

     

     

     


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