• Les roches à coralligène de la Petite Mona

    En ce premier octobre 2023 nous vivons un véritable été indien, les conditions de plongée sont toujours aussi bonnes avec une température extérieure de 28°C et une mer à 22°C. Sachant que la météo peut changer à tout moment, j'en profite pour retourner à l'eau et explorer une nouvelle fois les îlots de la Petite Mona. Ces rochers qui ressemblent à des récifs affleurants à la surface de l'eau sont situés dans le prolongement de la pointe ouest de l'anse du Rouet sur la Côte Bleue. La façade nord de l'un des îlots comporte un petit tombant ombragé de 4 mètres de profondeur où se développe le coralligène et notamment des gorgones jaunes. 

    gorgone jaune

    Les gorgones jaunes (Eunicella cavolini) vivent à flanc de parois sur les tombants ombragés, mais elles parviennent à s’accommoder de supports moins profonds que les autres coraux méditerranéens. De ce fait, il est possible d'en observer en snorkeling pour peu que l'on sache réaliser de petites apnées entre 2 et 5 mètres.

    gorgone jaune

    Voici un autre habitant des tombants ombragés à coralligène, le cténolabre (Cténolabrus rupestri). Celui-là, je l'ai observé au même endroit qu'à ma dernière sortie à la Petite Mona, du coup je suppose qu'il s'agit du même poisson.

    cténolabre

    La petite Mona abrite une grosse population d'étoiles de mer rouges (Echinaster sepositus), il y en a un peu partout depuis les rochers de la surface jusqu'aux anfractuosités à coralligène plus profondes. En voilà une qui déambule au pied d'une petite gorgone jaune.

    Et en voilà une autre qui se faufile parmi les zoanthaires jaunes (Parazoanthus axinellae) qui tapissent une paroi rocheuse, elle est probablement en quête de petites éponges qui font parties de son régime alimentaire. Les zoanthaires jaunes, aussi appelés "mimosa de mer", sont des parents des anémones, ils forment de grandes colonies encroutantes sur les roches abritées de la lumière.

     

    Vers la surface, je remarque une tête qui dépasse d'un petit trou couvert d'éponges rognons. Il s'agit d'une blennie gattorugine (Parablennius gattorugine).

    blennie gattorugine

    Plus bas, c'est le panache branchial coloré d'une serpule (Serpula vermicularis) qui attire mon attention. La serpule est un petit ver polychète sédentaire qui vit dans un tube calcaire et qui se sert de son panache bilobé pour filtrer l'eau, mais aussi pour piéger les particules alimentaires en suspension. Les serpules ne sont pas toujours faciles à approcher car elles se rétractent à la moindre alerte, si on l'éclaire ou si on crée une vibration dans l'eau, leur beau panache disparaît. Du coup je suis assez content d'être parvenu à photographier celle-ci de près !

    serpule

    Dans certaines cavités bien abritées les gorgones jaunes sont très belles, en voilà une bien ramifiée et en bonne santé avec de nombreux polypes déployés.

    gorgone jaune

    Je continue à visiter les cavités qui s'offrent à moi, les îlots en regorge ! En passant la tête dans un trou, voilà que je tombe en face à face avec une murène (Muraena helena) ! C'est ma première murène de l'année, çà me fait plaisir d'en voir une, d'autant plus que des rapports récents tendent à montrer qu'elle à tendance à se raréfier en dehors des réserves marines.

    La murène a une allure qui peut paraître effrayante mais elle est rarement agressive. Lorsque je tente de l'approcher elle se montre même craintive et se rétracte dans son trou en ne laissant dépasser que sa tête. Le mieux pour lui tirer le portrait est de procéder à des tentatives d'approches espacées d'une ou deux minutes. Le fait de ne pas se montrer insistant montre à l'animal que nous ne sommes pas une menace et si l'on a de la chance le poisson finit par se montrer curieux et s'expose plus facilement.

    murène

    La murène est accompagnée d'une crevette nettoyeuse (Lysmata seticaudata). Ce crustacé se nourrit en nettoyant les parasites présents dans la bouche, les orifices respiratoires et sur la peau du poisson. Celle-ci n'est pas à la tache, elle semble surtout intriguée par l'éclat de ma lampe de plongée et me fixe comme si elle était hypnotisée.

    murène

    La gorgone jaune n'est pas la seule espèce corallienne présente à la Petite Mona, dans des recoins bien cachés j'ai pu observer quelques petites colonies d'alcyons encroutants (Alcyonium coralloides).

    alcyons

    Ces alcyonides sont des coraux mous, en profondeur ils colonisent les gorgones en les recouvrant, d'où leur nom d'alcyons "encroutants". Près de la surface on rencontre cette espèce sous une forme digitée, elle forme alors des lobes rose magenta couverts de polypes blancs. Comme quoi, même en Méditerranée, le plongeur à accès à des coraux sans bouteilles !

    Pendant qu je reprends ma respiration à la surface, j'observe une jolie blennie de Zvonimir (Parablennius zvonimiri) qui fait le guet parmi les algues. Il s'agit vraisemblablement d'un mâle, il présente une couleur rougeâtre et de longs tentacules sur la tête qui sont des attributs caractéristiques de la période de reproduction.

    blennie de Zvonimir

    Je visite une dernière petite anfractuosité et dans une fente obscure je remarque ne éponge que je n'avais encore jamais observé. Il s'agit d'une éponge cheminée rose (Dysidea avara), que l'on appelle également éponge cavernicole violette. Ce spongiaire encroutant, formé de lobes tubulaires teintés de rose, affectionne les habitats obscurs. 

    éponge cheminée rose

    Les rochers de la Petite Mona, aussi appelés Petit Mornas, ne payent pas de mine lorsqu'on les observe depuis la plage du Rouet. Mais en plongée il faut savoir se montrer curieux, on peut parfois avoir de belles surprises !  

     


     

     

    http://ekladata.com/pKZInWQrtNko3NvafqLPODA6V68/GPS-icon.png    

    La plage du Rouet

     

    La grande plage du Rouet est située sur la commune de Carry Le Rouet. Elle comporte une grande plage de sable qui est sans intérêt pour le snorkeling. Cette dernière est bordée par une grande digue qui marque le début de la zone favorable à l'exploration en PMT. Toute la partie est de la baie alterne des fond sablonneux, des herbiers de posidonies et des zones rocheuses qui méritent le détour. La baie du Rouet est une station balnéaire très fréquentée en saison, il faut donc composer avec les baigneurs, les pécheurs et les pratiquants de sports aquatiques.

     

     

     


  • Commentaires

    1
    Lacsap
    Samedi 7 Octobre 2023 à 14:59

    Très joli tout cela ... Un grand merci Laurent

    2
    chantal
    Samedi 7 Octobre 2023 à 21:21

    Un super site de snorkeling ... Merci pour ces belles photos sous-marines. La semaine prochaine on a encore de belles journées ensoleillées . Au prochain reportage

    3
    Lundi 9 Octobre 2023 à 23:53

    Merci à tous les deux !

    Comme le beau temps semble vouloir perdurer je sens que cette année la saison de snorkeling va être plus longue que l'an dernier, j'espère pouvoir faire encore quelques sorties ! J'aimerais retourner un peu au Mugel voir si les limaces de mer sont présentes, je n'y suis pas encore allé cette année.

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :