• Les eaux agitées de la pointe de Baou Tailla

    Pour cette nouvelle plongée en snorkeling je vous emmène sur un site un peu hors norme à Carro, tout au bout de la route de la Côte Bleue. Je vais visiter un spot de plongée teinté d'histoire qui m'a été inspiré par l'excellent guide "Plonger du bord" d'Eric Vastine. Me voici sur la pointe de Baou tailla où les falaises calcaires ont été exploitées depuis l'antiquité pour la construction des monuments de Marseille !

    carrière de Baou Tailla

    Ici la structure de la falaise de coquiller (calcaire rose tendre) a été remodelée par la main de l'homme, les rochers forment de grands blocs quadrangulaires constituant un grand décor sculpté. Cette carrière est considérée comme un site archéologique, elle a commencé à être exploitée par les grecs au 3ème siècle avant J.C puis par les romains. Les vestiges du port hellénistique de Massalia découverts au centre Bourse de Marseille comportent d'ailleurs des pierres provenant des carrières du coin.

    carrière Baou de Tailla

    L'érosion a également fait son œuvre depuis des siècles, par endroits les murs de pierres sont effondrés dans la mer.

    carrière de Baou tailla

    En d'autres recoins les pans de roches taillées se sont parés de fenêtres naturelles ouvertes sur la Méditerranée.

    Baou Tailla

    L'exploitation de la roche a tout de même duré jusqu'au 19ème siècle. L'un des tailleurs de pierre a laissé un souvenir de lui dans la carrière, l'observateur attentif notera la présence d'un visage sur l'un des murs de calcaire.

    Baou tailla

    Côté plongée les choses sont un peu compliquées sur ce site : Il n'y a pas d'endroits vraiment praticables pour la mise à l'eau, la falaise est partout très escarpée ... Les plongeurs bouteilles passent eux par une petite piscine naturelle qui possède un siphon sous-marins situé sous un pan de roche et qui permet d'accéder à la mer. Mais ce passage immergé n'est pas vraiment indiqué pour les snorkelers, à moins d'être un excellent apnéiste confirmé et un peu aventurier. Moi je vais plutôt descendre à l'eau du côté de la falaise qui fait face au port de Carro et à un petit ilot.

    Baou Tailla

    Première impression de cette plongée matinale, le vent qui soufflé toute la semaine a bien rafraichi l'eau, elle n'est plus qu'à 18°C ! Comme je ne suis équipé que du top néoprène de 1 mm, la sensation de froid est bien présente ...

    Pour commencer je me rends vers la face ombragée de l'îlot, j'y observe de nombreuses castagnoles juvéniles (chromis chromis) qui sont parées de leurs magnifiques motifs bleus électriques. Une caractéristique colorée partagée avec leurs cousines tropicales comme les demoiselles des zones de déferlement (Chrysiptera leucopoma).

    castagnoles juvéniles

    Ces petites castagnoles sont souvent craintives et n'aiment pas beaucoup la lumière des lampes de plongée, dès qu'on les éclaire elles ont tendance à se mouvoir rapidement tout en se tournant pour montrer le dessus de leur tête bleue. Sous l'eau, ces couleurs vives servent souvent à dissuader les prédateurs. Du coup ces poissons sont difficiles à photographier correctement, il faut beaucoup de patience pour les saisir sous un bon angle !

    catagnole juvénile

    Dans le secteur il y a de grands bancs de saupes (sarpa salpa), c'est impressionnant de se retrouver au milieu de tout ces poissons. Contrairement à beaucoup d'espèces les saupes sont toujours abondantes sur nos côtes car elles ne sont pas comestibles. Il s'agit de l'une des rares espèces de poisson herbivore de la grande bleue et leur régime alimentaire à base d'algues font qu'elles accumulent des toxines dangereuses au fil de leur croissance. D'ailleurs les romains en servaient lors des repas qui précédaient leurs orgies car leur consommation provoquait des effets hallucinatoires recherchés !

    banc de saupes

    Une jeune bécune à bouche jaune (Sphyraena viridensis) - notre petit barracuda Méditerranéen - surveille le banc du coin de l’œil. J'essaye de l'approcher pour lui tirer le portrait mais il est très craintif et il n'y a pas moyen qu'il prenne la pose ...

    bécune

    En explorant les parois rocheuses je repère au pied d'une falaise à près de 3 mètres de profondeur des gorgones jaunes (eunicella cavolinii). Je fais une descente en apnée pour aller les observer de plus près. Malheureusement elle ne montrent pas de polypes déployés.

    gorgone jaune

    En longeant la falaise ombragée je découvre quelques spongiaires à l'image de cette éponge à cratères (Hemimycale columella).

    éponge à cratères

    Ici une clathria veinée à points blancs (thalasias jolicoeuri) tapisse une bonne partie de la paroi rocheuse.

    didemne commun

    Une grosse blennie gattorugine (parablennius gattorugine) me surveille attentivement depuis son abri.

    blennie gattorugine

    Le site abrite également des coraux mous, je repère dans une petite cavité un alcyon encroutant (Alcyonium coralloide) dans sa forme digitée. Il présente quelques polypes ouverts.

    alcyon

    Les falaises rocheuses tourmentées abritant du coralligène sont souvent appréciées des tryptérygions. Dans ce biotope on est toujours assurés d'en observer.

    Dès que les rochers se couvrent d'un tapis dense d'algues, on peut s'attendre à voir sortir du fourré le roi incontesté du camouflage : Le cline argenté (Clinitrachus argentatus). Parvenez-vous à le repérer sur l'image qui suit ?

    cline argenté

    Au pied de la falaise un gobie moucheté (gobius incognitus) est posé sur le substrat clair.

    gobie moucheté

    Le vent se lève et la houle devient franchement gênante. Je rebrousse chemin et retourne en direction de l'ilot. 

    J'inspecte sa paroi et tombe sur une petite blennie de Znonimir (Parablennius zvonimiri) cachée dans le coralligène. En examinant la photo une fois rentré à la maison je m'aperçois qu'une petite calmella (calmella cavolini) se promènait sur le bryozoaire encroutant rouge (Schizobrachiella sanguinea).

    Malheureusement je commence à avoir sérieusement froid, du coup je décide de finir d'explorer le rocher et de rentrer. J'y retrouve mes petites castagnoles juvéniles très colorées.

    castagnoles juvéniles

    Alors que la sortie touche à sa fin une jolie surprise m'attend, voilà qu'une galathée (Galathea squamifera) a le bon goût de sortir de sa cachette juste au moment où je passe devant sa tanière.

    galathée

    Un dernier cadeau m'attend avant de sortir de l'eau, mon regard croise d'infimes petites taches blanches qui m'interpellent. Voilà des calmellas ! Moi qui regrettait secrètement de ne pas avoir vus de nudibranches, je suis exaucés.

    calmellas

    Ces limaces de mer sont réellement minuscules, elles sont plus petites que l'ongle du petit doigt de la main ! Du coup les prendre en photo alors que je suis balloté par la houle n'est vraiment pas chose aisée ... J'y parviens après beaucoup d'efforts et de tentatives. On remarque sur l'image zoomée présentée ci-dessous qu'elles se promènent sur une branche d'hydraires. Elles se nourrissent principalement de polypes.

     


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  • Commentaires

    1
    Vendredi 16 Août 2019 à 01:43

    Pour ceux qui sont intéressés par le guide "plonger de bord" je signale qu'Eric Vastine vient de sortir un nouveau livre concernant le littoral varois :

    https://plongerdubord.com/produit/livre-plonger-du-bord-55-spots-de-plongees-dans-le-var/

    Avec en prime quelques photos sous-marines de mon ami François (Jo).

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