• Une petite sortie snorkeling sur la plage en Sicile

    Me voilà parti en Sicile pour les vacances de Toussaint. Ce voyage n'est pas consacré à la plongée mais en séjournant en bord de mer j'ai pu profiter d'une belle journée ensoleillée pour effectuer une randonnée palmée. Je me suis rendu sur la plage du Lido Sovareto située à proximité de la ville de Sciacca sur la côte sud-ouest de l'île.

    Même si nous sommes fin octobre, la température extérieure est vraiment très agréable. En Sicile c'est l'été indien ! La Méditerranée est elle aussi encore chaude, l'eau est à 19-20°C. Tant mieux d'ailleurs, car je n'ai emporté dans la valise que le top néoprène de 1 mm ...

    Les fonds marins de cette plage largement ouverte sur le large présentent une alternance entre zone sablonneuses et îlots rocheux couverts d'algues. Dans ce biotope particulier je croise quelques algues vertes que je n'ai pas l'habitude d'observer sur notre littoral provençal, à commencer par l'algue à massues (dasycladus vermicularis). 

    algue à massue 

    Mais la surprise végétale du jour c'est l'observation de la célèbre caulerpe pennée plus connue sous son nom scientifique de caulerpa taxifolia ! Cette algue est une espèce invasive très médiatique car elle a menacé les écosystèmes méditerranéens après avoir été malencontreusement relâchée en mer par le musée océanographique de Monaco suite au nettoyage d'un aquarium en 1984 ! Particulièrement résistante et toxique, la caulerpa taxifolia a rapidement colonisé les fonds marins de la grande bleue en mettant en péril les herbiers de posidonies. Sa progression a été fulgurante, en une vingtaine d'années elle s'est répandue jusqu'en Espagne et en Croatie, on l'observe même en Tunisie ! Heureusement après 2004 la caulerpe pennée a commencé à régresser et depuis elle semble disparaître progressivement. En tout cas cette algue verte en forme de plume est encore présente sur le littoral Sicilien !

    caulerpa taxifolia 

    En arpentant doucement les blocs rocheux je finis par débusquer une toute petite élysie timide (elysia timida).

    élysie timide 

    De nombreuses anémones vertes (anemonia viridis) sont implantées dans cette crique. La houle quasi permanente qui agite les eaux du Lido Sovareto doivent probablement garantir un apport important en nutriments.

    Et voilà une nouvelle élysie timide (elysia timida). Il s'agit probablement de la limace de mer la plus commune sur les petits fonds bien éclairés de Méditerranée occidentale. Elles sont très abondantes sur le littoral provençal, mais je vois que cette espèce est ici aussi très commune.

    élysie timide 

    Il y a très peu d'éponges dans ce secteur, la seule que j'ai trouvé est une ircinie variable (ircinia variabilis).


    J'arpente le substrat très lentement afin de voir s'il n'y a pas d'autres petites limaces de mer qui se cacheraient parmi les algues. Mais à défaut de nudibranches je tombe sur un petit cône de Méditerranée (conus ventricosus). D'ordinaire, ce gastéropode carnivore chasse plutôt la nuit, c'est la première fois que je l'observe pleinement actif en milieu de journée ! Dans nos calanques marseillaises, les cônes ont une coquille plutôt brune, les spécimens d'Italie du Sud sont réputés pour être un peu plus bariolés.

    cone de méditerranée

    Voici un animal sur lequel peu de photographes sous-marin s'attardent : le concombre de mer ou "chichi" de mer comme on dit à Marseille. Celui-ci est un concombre de mer ensablé (holothuria "rowethuria" poli), une espèce particulière car elle sécrète un mucus collant qui lui permet de se recouvrir de sable et de débris divers. Fait peu banal, alors que de nombreuses espèces de Mer Rouge débarquent en Méditerranée par le canal de Suez, notre holothurie locale a quand a elle fait le chemin inverse, elle a débarqué en Mer rouge !

    concombre de mer ensablé

    Du côté des poissons, le premier à se laisser correctement photographier est un gobie moucheté (gobius incognitus). On l'observe dans les eaux peu profondes au niveau des zones alternant rochers et fond sablonneux. Il affectionne également les environnements riches en anémones de mer, car en cas de danger il peut trouver refuge dans ces dernières.

    En me tenant immobile au dessus des petits fonds de sable, je repère cette fois-ci un gobie marbré (Pomatoschistus marmoratus) bien camouflé avec son environnement. Seul un léger mouvement sur le substrat a trahi sa présence. Ce petit gobie très discret présente un corps semi translucide. Il n'est pas franchement facile à voir !

    gobie marbré

    Les anémones vertes (anemonia viridis) du Lido Savareto sont assez jolies et photogéniques car elles se présentent sous la livrée avec des terminaisons de tentacules roses. On en trouve sur les rochers mais également sur le sable, comme se spécimen installé au milieu des zostères marines.

    J'explore le soubassement d'un petit promontoire rocheux, et j'y découvre un nouveau gobie moucheté méditerranéen (gobius incognitus). Cette espèce semble abondante dans le coin !

    J'essaye de visiter chaque recoin de la fissure et dans la zone la plus obscure c'est ce coup-ci un gobie svelte (gobius geniporus) qui apparaît dans le faisceau de ma lampe. Bon, je crois que j'ai définitivement droit à une thématique sur les espèces de gobies aujourd'hui !

    La mer est vraiment chargée de particules et débris en tout genre, dans cette purée de pois il m'est difficile de photographier les poissons qui se présentent à moi. Durant cette plongée j'ai surtout croisé des sars comme ce petit sar commun (diplodus sargus).

    Au sol un oeil rouge attire mon attention, il s'agit de l'opercule d'un gastéropode qui git sur le sable. Il s'agit vraisemblablement d'une gibbule, mais laquelle ?

    Un peu plus loin, je découvre une cavité profonde sous un gros rocher. Je l'explore en apnée avec ma lampe allumée. Malheureusement il y a des sédiments en suspension dans l'eau et la visibilité y est assez mauvaise. J'y débusque un petit apogon (apogon imberbis) très fuyant. Je descends plusieurs fois pour essayer de lui tirer le portrait, mais dès que la lumière l'éclaire il part se réfugier tout au fond du trou. A ma grande surprise, l'anfractuosité abrite également un jeune mérou brun, mais ce dernier a détalé à toute vitesse vers un recoin inaccessible sans que je puisse le photographier. Dommage !

    Cette cavité renferme également quelques invertébrés comme ces protules lisses (protula tubularia) fixées à la paroi.

    Voilà, cette petite plongée en snorkeling s'achève. Ce n'était clairement pas la sortie de l'année, la mer était très troublée et peu propice à la photo sous-marine. Mais après deux mois sans être allé à l'eau, je dois bien avouer que çà fait du bien de rechausser les palmes !

     


  • Commentaires

    1
    Pascal
    Mardi 19 Novembre à 17:18

    Bonjour Laurent, je découvre seulement ce post qui s'était niché dans mes SPAM ... Où que l'on aille, la Méditerranée regorge de vie ... De belles photos, un grand merci et bonne journée.

    2
    Mardi 19 Novembre à 18:17

    Bonsoir Pascal,

    D'habitude je choisis un peu les endroits où je plonge mais comme ce voyage n'était pas à la base un séjour balnéaire je me suis accommodé du la plage qui s'offrait à moi. Et peu importe où on plonge, comme tu l'as souligné, nous trouvons des choses intéressantes à voir. J'ai juste regretté d'avoir une piètre transparence de l'eau, j'aurais pu photographier un peu plus de poissons.

    Au passage, je ne sais pas si tu as vu cette informations, un pêcheur à observer un grand requin blanc à Porquerolles ! 

    https://www.varmatin.com/environnement/-il-s-est-approche-tout-doucement-de-moi--957546

    Les eaux poissonneuses des îles d'Or sont une grande réussite pour la biodiversité !

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