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Une belle matinée ensoleillée à Morgiou
Après plusieurs semaines venteuses le beau temps est enfin revenu sur la Provence. En ce mercredi 1er mai les conditions sont idéales pour retourner plonger avec les copains. Nous nous donnons rendez-vous pour une randonnée palmée en début de matinée à la magnifique calanque marseillaise de Morgiou.
A ce moment de la journée la calanque est encore très calme, nous savourons quelques instants de contemplation avant de rejoindre le monde de Neptune. Les grandes falaises blanches sont majestueuses, elles dominent une mer calme et transparente, la vision qui s'offre à nous est une véritable carte postale !
Nous rejoignons le bord de mer et finissons de nous équiper. Si la météo est au beau fixe et la température extérieure très agréable, il en est tout autre de la Méditerranée qui, elle, est encore bien fraiche ! Il n'y a donc pas le choix, il faut encore empiler les couches de néoprène si nous ne voulons pas finir congelés ...
François et Philippe sont les premiers courageux à s'élancer dans une eau qui atteint péniblement les 15°C, Gilles est moi-même leur emboitons la palme.
Au programme de cette sortie nous avons prévu de retourner visiter la fascinante grotte Bleue qui est également appelée la grotte du souffleur. Aussi nous décidons de ne pas trop nous attarder sur le chemin et de nager directement en direction de cette dernière car il y a pas mal de distance à parcourir.
Sur le trajet je m'accorde quand même quelques minutes pour descendre vers 4 ou 5 mètres de profondeur histoire d'immortaliser un magnifique cérianthe (cerianthus membranaceus) présentant une étonnante couronne de tentacules bicolores !
Finalement je m'arrête une seconde fois pour observer un tryptérygion rouge (Tripterygion tripteronotus) flamboyant posé sur une rocher balloté par la houle. Les copains vont me distancer mais c'est pas grave, il vaut quand même le coup de faire une photo !
En nous rapprochant de la grotte nous remarquons que la houle s'accentue et que la vision sous l'eau se trouble. En fait un petit vent est en train de se lever, il est responsable de cette agitation soudaine.
Nous voilà devant l'entrée de la grotte Bleue, celle-ci ressemble à une étroite échancrure dans la falaise rocheuse.
Au moment de rentrer dans la grotte nous pénétrons dans un monde totalement différent de l'extérieur. La luminosité décroit subitement et il est nécessaire d'allumer les lampes étanches.
La couverture d'algues laisse place au coralligène et son tapis d'éponges et d'ascidies.
Le plus surprenant dans tout çà c'est que la vision dans l'eau est ici particulièrement trouble ! En fait une résurgence d'eau douce traverse la grotte et rend la visibilité pénible, tout devient très flou !
Pour explorer correctement les parois de la cavité il est nécessaire de procéder à de petites apnées et de passer sous la limite entre l'eau douce et l'eau salée, au dessous tout devient un peu plus net !
François repère une dromie (dromia personata), un drôle de crabe globuleux qui d'ordinaire à l'habitude de couvrir sa carapace d'une éponge pour se camoufler. Celui-ci se présente à l'état naturel, sans couverture. Par contre on ne le distingue pas bien car il nous tourne le dos et reste immobile dans cette position ...
Je m'enfonce vers le fond de la grotte et pour l'instant je ne croise pas beaucoup d'animaux. Sur des branches d'hydraires je finis par repérer quelques minuscules nudibranches fuchsias, se sont des coryphelles mauves (edmunsella pedata). Avec l'eau trouble il n'est pas évident de les photographier mais comme ces animaux sont particulièrement lents et ne portent que peu d'intérêt aux plongeurs on a tout le temps de les approcher et de s'appliquer pour leur tirer le portrait.
Comme à l'accoutumée ces petits éolidiens crapahutent sur les branches d'eudendrium de Méditerranée afin de se nourrir de leurs polypes.
Encore plus petits que les coryphelles mauves, voici les foraminifères rouges ( Miniacina miniacea) ! Il s'agit de petits organismes unicellulaires sciaphiles que l'on rencontre souvent dans les grottes obscures même si la plupart des plongeurs ne leur prêtent guère d'attention. Les foraminifères se constituent un squelette poreux en carbonate de calcium appelé test. Ils vivent en colonies fixés au substrat et après leur mort les tests résiduels partent s'échouer sur les plages en leur conférant au fil du temps une teinte rosée.
Dans les parties les plus reculées du tunnel semi immergé m'attend une belle surprise : un magnifique poisson à la livrée sombre et argentée, avec de belles extrémités jaunes, me voilà face à un corb ! C'est toujours un grand plaisir de croiser cet animal protégé et rare. Le corb (sciaena umbra) apprécie les cavités sombres où il passe généralement la journée avant de sortir chasser la nuit. Mon corb est quant à lui particulièrement craintif, j'ai tout juste eu le temps de l'apercevoir avant qu'il parte à toute vitesse se réfugier sous un rocher. Du coup pour profiter un peu plus de cette rencontre rare, j'ai dû faire l'effort d'aller lui rendre visite en apnée dans sa cachette obscure.
Tout au fond de la grotte j'assiste maintenant à un défilé de grandes crevettes roses (palaemon serratus) sur un gros rocher. On pourrait croire qu'elles sont au courant que nous sommes le premier mai et qu'elles manifestent ! A l'instar de la dromie elles aussi me tournent le dos alors que d'ordinaire ces crevettes sont plutôt attirées par la lumière des lampes de plongée !
L'une d'entre elle finit quand même par s'intéresser à moi et elle se décide à me montrer son bon profil.
Une fois les yeux accoutumés à la pénombre, depuis le fond de la cavité on découvre pourquoi ce lieu magique est appelé la grotte Bleue.
En retournant vers l'entrée de la grotte je remarque deux antennes dépassant d'une petite faille située vers deux ou trois mètres de profondeur. Elles appartiennent à n'en pas douter à une langouste (palinirus elephas). J'effectue une descente pour l'observer au fond de sa cachette.
Il ne fait pas bien chaud dans la grotte bleue. François et Philippe qui ont des combinaisons moins épaisses décident de retourner vers le port pour retrouver le Soleil.
De mon côté j’emmène Gilles vers un petit tombant où sont fixées de nombreuses gorgones jaunes dont certaines déploient leurs polypes. François me les avait fait découvrir l'an dernier et çà fait plaisir de voir des coraux en bonne santé qui perdurent dans le temps !
Nous commençons nous aussi à entamer le chemin du retour mais nous prenons notre temps. Malgré la houle qui n'a de cesse de s'accentuer, nous évoluons lentement en visitant les nombreux recoins cachés qui s'offrent à nous. Dans l'un d'entre eux je surprends un gros poisson qui, en m'apercevant, a disparu en un instant. Sur le coup il m'a semblé deviner un nouveau corb mais après consultation de la photo déclenchée en un éclair j'ai visiblement immortalisé un autre poisson protégé, il s'agit d'un mérou brun (Epinephelus marginatus) ! Il est reconnaissable aux grandes taches claires visibles sur son dos. Encore une belle surprise !
En longeant la côte rocheuse je croise un beau banc de loups (dicentrarchus labrax) qui se dirige vers le large.
Je tombe maintenant sur une cavité surveillée par un serran chevrette (serranus cabrilla). J'adore ces poissons, ils sont très territoriaux et n'hésitent pas à nous faire face toutes nageoires déployées pour nous intimider.
En tout cas le site de Morgiou est fantastique pour le nombre d'anfractuosités et recoins à visiter, on pourrait passer d’innombrables plongées à les explorer.
Revoilà un serran chevrette qui monte la garde sur sa petite grotte.
Cette calanque offre un environnement apprécié par les étoiles de mer glaciaires (Marthasterias glacialis). J'ai pu observer lors de cette sortie plusieurs spécimens présentant une envergure impressionnante. Celle qui est présentée ci-dessous était longue comme l'avant bras !
Voilà une nouvelle sortie qui s'achève. Morgiou est vraiment un site superbe, autant que pour ses paysages typiques des calanques marseillaises que pour ses fonds marins préservés et sa biodiversité extraordinaire. Il ne m'arrive pas souvent de voir des corbs et des mérous lors d'une seule et même randonnée palmée ! Je remercie vivement François de m'avoir proposé cette nouvelle escapade sous-marine et pour les agréables moments partagés sur la terrasse ensoleillée du cabanon.
La calanque de Morgiou
La calanque de Morgiou est située dans le Parc national des Calanques. Cette calanque encaissée abrite un petit port de pêche, quelques cabanons et un bar restaurant. Morgiou offre un cadre naturel magnifique, elle est sauvage et particulièrement paisible, l'eau y est souvent cristalline. L'accès en voiture y est réglementé en journée durant la période touristique entre le printemps et l'automne, seuls les résidents où les visiteurs ayant réservé une table au restaurant du petit port de pêche peuvent alors y descendre en véhicule.
Tags : snorkeling dans les calanques, plongée à Morgiou, PMT à Marseille, la grotte bleue à Morgiou, randonnée palmée dans les calanques
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Commentaires
Salut Gilles !
Oui on s'est bien régalé lors de cette sortie, une très belle journée ensoleillée de vacances au cabanon. Un grand merci à François pour son invitation dans sa magnifique calanque !
Sinon c'est vrai que l'eau trouble dans la grotte bleue c'était assez déconcertant ... Comme toi j'étais à la limite d'avoir mal à tête à force de voir flou, on est vraiment perdus sans le sens de la vision ! Le pire c'est que j'avais envie de me frotter les yeux mais je ne pouvais pas à cause du masque, de toute façon çà n'aurait servi à rien :)
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Un très beau souvenir cette plongée dans cette grotte bleue magnifique. Incroyable cette turbidité due à l'apport d'eau douce. Je me demandais si c'étaient pas mes yeux qui partaient en vrilles...