• Un mérou pour la première plongée de 2023 !

    Quatre mois sans plonger c'est long ! D'ordinaire je parviens toujours à trouver quelques belles journées d'hiver pour retourner à l'eau mais en ce début d'année la météo est restée fraiche et surtout venteuse, pas de quoi donner envie de rechausser les palmes ... Mais le printemps est enfin arrivé et avec lui quelques belles journées permettent de reprendre l'activité dans de bonnes conditions. Donc voilà le moment venu de lancer la saison de snorkeling avec la première plongée de 2023 ! Le temps de vérifier la charge de l'Olympus TG4 et de ma lampe sous-marine Volador et je fonce à La Ciotat pour rejoindre le spot de l'anse du Sec.

     

    L'Anse du Sec est un spot que j'apprécie vraiment, autant pour son esthétique que pour ses fonds marins. Les falaises de poudingues ocres qui se jettent dans une Méditerranée aux eaux limpides offre un spectacle dont je ne me lasse jamais.

    anse du Sec La Ciotat

    Même si la température extérieure est agréable, se mettre à l'eau reste une affaire compliquée car la mer n'est qu'à 14°C en ce moment ! Le bain en eau froide promet d'être délicat car pour éviter de flotter comme un bouchon et parvenir à faire un peu d'apnée j'ai décidé de n'enfiler que la combinaison de 2 mm.

    anse du Sec

    Je commence les explorations par le long tombant semi ombragé où je repère habituellement des nudibranches. Les baigneurs aiment bien se jeter à l'eau depuis les rochers qui le surplombe, même en dehors de la saison estivale, du coup il faut toujours être prudent en abordant cette partie de la calanque. Le mieux est de se manifester ostensiblement en sortant clairement la tête de l'eau et en regardant directement les candidats au plongeon. En tout cas les sauteurs sont loin de se douter des trésors qu'abrite la falaise, à commencer par cette jolie petite hervia (Cratena peregrina).

    hervia

    Un peu plus loin c'est une calmella (Calmella cavolini) que je débusque parmi les algues. Elle est facilement reconnaissable à ses cérates rouges à pointes blanches. Cette limace de mer a repéré une zone riche en polypes d'hydraires, sa nourriture favorite.

    calmella

    Dans les recoins peu éclairés je découvre de magnifiques tapis de zoanthaires jaunes (Parazonathus axinellae). Ces cnidaires se développent en colonie sur les parois ombragées des tombants, sous les surplombs ou à l'entrée des grottes. Les zoanthaires jaunes peuvent couvrir de très grandes zones, elles sont assez communes sur notre littoral provençal.

    zoanthaires jaunes

    Je poursuis ma randonnée palmée et change de anse. Je pars en visiter une autre plus petite, peu profonde, mais qui est très riche en cavités faciles à explorer en effectuant de petites apnées. J'aime beaucoup ce petit recoin de l'anse du Sec, j'y repère généralement pas mal d'animaux intéressants. Parmi ceux-ci figurent les délicats éventails formés par les dentelles de Neptune (Reteporella grimaldii).

    dentelle de Neptune

    Ces petites collerettes calcifiées abritent des polypes qui participent à la fonction d'alimentation de la colonie en captant la nourriture comme le phytoplancton.

    dentelle de Neptune

    Je remarque vers deux mètres de profondeur un agglomérat de minuscules et discrètes structures semi-translucides perdues au milieu des éponges et des ascidies colorées. Intrigué, j'effectue une seconde descente pour aller les ausculter plus attentivement et là je m'aperçois qu'il s'agit d'un bouquet de toutes petites ascidies pédonculées, en fait je suis en présence de clavelines naines communes (Pycnoclavella communis). D'après les biologistes ces clavelines prospèrent surtout de novembre à mai quand l'eau est froide et riche en nutriments.  

    claveline naine commune

    Je continue à enchaîner les petites apnées pour visiter tous les recoins rocheux qui s'offrent à moi. Comme bien souvent c'est dans l'obscurité que se cachent les plus beaux trésors colorés, à commencer par ce petit triptérygion nain mâle (triptérygion melanurum) qui arbore fièrement sa livrée chatoyante pour attirer les femelles. Le triptérygion nain a des mœurs cavernicoles, il faut donc passer la tête sous les surplombs pour avoir une chance de l'observer.

    triptérygion nain

    Au pied du triptérygion je découvre une synascidie gélatineuse (Diplosoma spngiforme). Le didemne spongieux est un organisme filtrant qui aspire les particules en suspension dans la mer en créant un courant d'eau dans sa structure d'aspect semi translucide.

    En visitant une cavité cachée vers 3m50 de profondeur je surprends un beau mérou brun (Epinephelus marginatus) qui est parti s'abriter dans une fissure en une fraction de seconde dès qu'il m'a aperçu. Heureusement j'ai eu le réflexe de déclencher une photo avant qu'il ne disparaisse ! Je suis content d'avoir pu ramener une image souvenir de mon premier mérou de l'année 2023. Commencer la saison de snorkeling en rencontrant ce poisson rare et protégé est une aubaine, pour le coup j'ai été très chanceux car je n'en avais encore jamais observé à l'anse du Sec.

    mérou brun

    En prospectant vers la surface mon attention est attirée par une éclatante grappe d'ascidies, il s'agit cette fois-ci de grandes clavelines (Clavelina lepadiformis). Ces animaux coloniaux constituent de délicates outres tubulaires translucides dont les siphons sont délicatement rehaussés d'un fin liseré blanc. Ces organismes filtreurs sont d'une élégance visuelle rare, une pure beauté !

    clavelines

    Quelques mètres plus loin je repère une astérie bossue (Asterina gibbosa) sous un petit surplomb. Cette petite étoile de mer légèrement bombée possède des bras larges et courts, son aspect évocateur lui vaut d'être surnommée "étoile de shérif". L'astérie bossue n'est pas l'étoile de mer la plus commune dans ce secteur mais j'en observe assez régulièrement à l'anse du Sec.

    astérine bossue

    Par endroits les tapis de zoanthaires jaunes forment de véritables prairies pouvant créer l'illusion d'un champ de fleurs printanier.

    zoanthaires jaunes

    Au milieu de la profusion de zoanthaires jaunes je débusque une flabelline mauve (Flabellina affinis) qui se balance au gré du courant au bout d'une branche d'hydraire. Sa couleur violette contraste magnifiquement avec les cnidaires jaune-orangé qui recouvrent la paroi rocheuse.

    flabelline mauve

    Lorsqu'on étudie patiemment les parois rocheuses on peut rencontrer des poissons très bien camouflés dans le décors. C'est le cas de la jolie blennie diabolo (parablennius incognitus). Elle imite à merveille les couleurs des algues et des organismes qui couvrent le substrat ambiant. 

    blennie diabolo

    Sous le fond de la anse, vers 2m50 de profondeur, un long tube se dresse vers la lumière. Cette colonne de mucus et de vase a été édifiée par un ver spirographe (Sabella spallanzanii), elle lui sert d'abri. A mon approche le ver polychète a d'ailleurs rétracté son panache branchial dans le tube protecteur.

    Tout au fond d'une petite anse je tombe sur un cténophore mal en point. Il s'agit vraisemblablement d'une leucothea (leucothea multicornis). Ce cténaire vit en pleine mer et se nourrit de plancton, l'animal a dû échoué là à cause du vent et du courant. Même s'ils ne sont pas urticants il faut absolument éviter de les toucher car ils sont très fragiles et un simple contact suffit à les déchirer. 

    leucothea

    Voilà déjà 1h30 que je suis dans l'eau, je commence à me refroidir et je décide d'entamer le chemin du retour. Sur le trajet je rends visite à l'îlot qui trône au milieu de la anse du Sec. Sa face ouest comporte un grand tombant qui mérite d'être explorer. Juste sous la surface on peut y rencontrer régulièrement des blennies mais cette fois-ci c'est un triptérygion rouge (Triptérygion tripteronotus) mâle qui m’accueille.

    triptérygion rouge

    Vers deux mètres de profondeur je retrouve de jolies petites clavelines translucides (Clavelina lepadiformis). Je ne me lasse pas de la vision de ces clochettes de cristal.

    Voilà une remise en jambe riche en couleurs, qu'est-ce que çà fait du bien retrouver les fonds marins !

     


     

    http://ekladata.com/pKZInWQrtNko3NvafqLPODA6V68/GPS-icon.png    

    L'anse du Sec 

     

    L'anse du Sec fait partie du parc naturel des Calanques, elle est située au pied de l'imposant massif rocheux du Cap de l'Aigle à La Ciotat. Les falaises du Bec de l'Aigle sont les plus hautes falaises maritimes d'Europe, culminant à 394 mètres. La anse est accessible à pied en traversant le parc botanique du Mugel ou à la nage à partir du Petit Mugel et en dépassant la pointe de Nege Froume. Les fonds marins dans cette anse sont assez profonds, ils présentent un intérêt limité pour le snorkeler de surface. Par contre la anse est entourée de falaises de poudingues (conglomérats de galets) qui constituent dans l'eau de petits tombants ombragés où se développent du coralligène.

     

     

     


  • Commentaires

    1
    Lacsap
    Dimanche 23 Avril 2023 à 09:47

    Bonjour Laurent, heureux de te retrouver en 2023 et de pouvoir à nouveau profiter de tes magnifiques photos ... yes

    2
    Dimanche 23 Avril 2023 à 11:36

    Salut !

    Merci beaucoup, la trêve hivernale a été longue cette année, j'ai vraiment été content de retrouver la Méditerranée ! On a eu un drôle d'hiver dans le sud, un hiver sans pluie, c'est assez catastrophique pour la nature, mais avec des journées très fraiches et toujours beaucoup de vent. Des conditions qui ne donnait pas trop envie de retourner à l'eau jusqu'à présent.

    J'espère juste que la température de la mer ne montera pas trop haut cet été, car l'an dernier la canicule sous-marine a été catastrophique pour les éponges et les coraux .

    A bientôt !

     

    3
    chantal
    Dimanche 23 Avril 2023 à 17:06

    Bonjour,

    Super photos. Mugel toujours aussi beau . Depuis début Avril je suis allée à Morgiou pour le snorkeling mais j'irai cette semaine au Mugel si le temps le permet .

    Comme vous le dites j'espère que l'on n'aura pas un été très chaud. J'ai pu constaté à Morgiou que les Gorgones et les coraux n'ont pas souffert de la canicule de l'été dernier.

    A bientôt pour les prochaines photos

    4
    Dimanche 23 Avril 2023 à 17:41

    Bonjour Chantal !

    C'est super que vous ayez pu aller plonger à Morgiou, j'espère que vous avez pu faire de belles observations là bas. C'est vrai que par chance à Morgiou les gorgones sont encore belles et bien vivantes, çà laisse de l'espoir ! Sinon l'eau devait y être bien fraiche aussi, la calanque de Morgiou est très encaissée et ne voit pas beaucoup le Soleil.

    5
    chantal
    Dimanche 23 Avril 2023 à 19:49

    Rebonjour,

    Début Avril je pense que la température de l'eau était de 12degrés mais la dernière fois que je suis allée elle devait être de 14 degrés. ( veste de plongée de 5.5mm)

    Jai vu beaucoup d'étoiles de mer glaciaire de différentes couleurs , langoustes, poulpe ,zoanthaires jaunes et gorgones . Je suis allée à la grotte bleue mais il n'avait rien d'intéressant. La calanque de Morgiou reste une calanque magnifique autant pour le snorkeling  que la randonnée.

    Bonne soirée . 

    6
    Dimanche 23 Avril 2023 à 20:34

    A oui, 12°C, c'est vraiment frais ! Je pense que dans la grotte çà devait particulièrement se sentir. En tout cas la sortie a été intéressante avec de belles observations. La faune de la grotte bleue se révèle surtout en nocturne, mais en journée on peut apprécier la belle lumière bleue qui vient de l'entrée, çà vaut le coup aussi.

    7
    Jeudi 27 Avril 2023 à 19:19

    Hello Laurent ! Merci pour cette promenade si romantique... smile Vive les fonds marins de La Ciotat ! JP

    8
    Samedi 29 Avril 2023 à 19:56

    Salut Jean-Pierre !

    Oui les fonds marins de la Ciotat autour du quatuor Figuerolles, anse du Sec, Petit Mugel et île Verte sont exceptionnels, tant au niveau de la biodiversité que pour ses paysages somptueux. Il y a tant de choses à observer en plongée libre là qu'une vie ne suffira pas a en faire le tour !

    9
    Jeandeflorette
    Samedi 6 Mai 2023 à 06:36
    Beau reportage qui m'a décidé à y retourner pour la première fois aussi en 2023 mais qu'elle corvée la combi 5mm!! Amitiés.
    10
    Dimanche 7 Mai 2023 à 21:03

    Salut André !

    Et oui l'eau était encore froide fin avril, peut-être qu'elle a gagné un ou deux degrés depuis ? J'espère que tu as pu voir des choses intéressantes lors de ta plongée ? Est-ce que tu as revu les gorgones jaunes, moi je les ai raté, à moins qu'elles aient disparu ?

    Amitiés

      • jeandeflorette
        Vendredi 2 Juin 2023 à 17:44

        Non je n'ai pas essayé d'aller voir s'il y avait les gorgones trop embouchonné dans ma combi 5mm!! Depuis je suis retourné au Mugel un jour où les ctenophores étaient surabondant mais les alcyonaires absents dans la grotte du même nom!

    11
    Dimanche 4 Juin 2023 à 10:33

    Salut André,

    Oui c'est sûr que ce n'est pas évident de descendre les voir en apnée quand on a un grosse combi, on flotte comme un bouchon !

    Sinon c'est nouveau la présence de cténophores au Mugel, c'est la même espèce que celui que j'ai vu en avril à l'Anse du Sec ?

    Et pour ce qui est de la grotte aux alcyonaires j'ai trouvé qu'elle s'est beaucoup érodée ces dernières années, la houle a bien agrandie le trou du fond et peut-être que désormais l'endroit est trop agité pour que les alcyonaires se développent correctement ?

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