• Plongée face à la réserve du Cap Couronne

    Revoilà un nouveau confinement qui pointe son nez ... Je profite du beau temps et de la dernière journée de liberté de circuler pour aller prendre l'air du côté du Cap Couronne sur la Côte Bleue. Après un agréable pique nique au bord de l'eau j'enfile la combinaison et m'équipe pour une petite plongée le long de la rive calcaire située entre le phare de la Couronne et la réserve marine "Richard Fouque".

    Crée en 1996, la réserve marine du Cap Couronne est située en mer, elle démarre à 50 mètres de la côte rocheuse et s'étend sur près de 210 hectares. S'il est toujours plaisant de trouver des espaces marins protégés, celui-ci n'est pas vraiment intéressant pour le snorkeling. En effet cette réserve est assez profonde, elle peut descendre jusqu'à 50 mètres et comme elle est située à l'extrémité d'un cap, la mer y est régulièrement agitée et trouble. Pour couronner le tout les pêcheurs ont l'habitude de s'agglutiner sur les rochers qui font face à la réserve, car il est parfaitement autorisé de lancer sa ligne dans le corridor qui sépare la rive de la réserve.

    Comme j'ai l'esprit d'exploration et que ma curiosité me pousse à tester de nouveaux spots, j'ai quand même voulu tenter d'y tremper mes palmes et voir de mes propres yeux qu'est-ce qu'il en retourne. Une fois dans l'eau je découvre rapidement que la zone la plus intéressante à visiter est un petit tombant, la majorité des poissons se trouvent à quelques mètres de profondeur. Du coup pour vraiment profiter du site il faut passer pas mal de temps en apnée !

    Le petit tombant est dominé par un surplomb rocheux peu profond que l'on peut explorer en procédant à de petites descentes, histoire de passer la tête sous la crête rocheuse pour observer ce qu'il s'y passe. Il faut juste faire attention de ne pas s’emmêler dans les nombreuses lignes de pêche fantômes accrochées par-ci par-là, leurs hameçons et leurs plombs étant "enragués" pour des lustres parmi les algues et les aspérités du substrat. Encore une forme de pollution humaine à laquelle on ne pense pas et qui pourtant est bien réelle ...

    triptérygion nain

    Les milieux abrités de la lumière du jour sont comme toujours assez intéressants à visiter. J'y débusque un petit triptérygion nain (triptérygion melanurum) en image ci-dessus et quelques éponges rognons (chondrosia reniformis) visibles ci-dessous.

    éponge rognon

    Ma présence et mon éclairage perturbe une castagnole juvénile (chromis chromis) qui a trouvé refuge dans cet habitat sombre. Le petit poisson me montre les rainures bleues électriques qui parent le sommet afin de me dissuader d'approcher. Sous l'eau les couleurs vives signifient bien souvent : "je ne suis pas comestible !"

    castagnole juvénile

    De retour du côté des fonds baignés de lumière, je repère quelques petites taches blanches très familières sur les rochers. Revoilà les fameuses élysies timides (elysia timida) que je vous présente systématiquement depuis quelques sorties. C'est une confirmation, cette année elles pullulent sur les petits fonds de la Côte Bleue !

    élysie timide

    Un peu plus loin je repère dans une anfractuosité une sorte de grosse boule d'algues qui se déplace lentement sur une paroi. Intrigué, je décide d'aller inspecter cette masse mystérieuse et découvre avec surprise qu'il s'agit d'un énorme gastéropode gros comme ma main ! Sa coquille est entièrement recouverte d'algues, du coup il n'est pas facile de l'identifier. Je distingue juste un peu son pied musculeux orangé et marbré de noir. Il s'agit en toute vraisemblance d'un rapane veiné (rapana venosa), un gastéropode de grande taille originaire des mers de Chine et du Japon !  Ce rapane est considéré comme une espèce invasive, il a été repéré en Méditerranée orientale dans les années 1970, avant de s'étendre progressivement vers l'ouest. Il est signalé en France dans l’Étang de Berre depuis 2015, il n'est donc pas étonnant de le croiser sur le site voisin de la Couronne ...  Ce mollusque est un prédateur de bivalves, il apprécie notamment les huîtres et les moules, de ce fait l'évolution de son ère de répartition est surveillée de près dans l'intérêt des conchyliculteurs !

    Le printemps est une période intéressante pour s'intéresser aux blennies des petits fonds. En effet, il s'agit du début de la période de reproduction et les mâles commencent à arborer des couleurs vives qui n'ont rien à envier aux poissons tropicaux ! 

    blennie sphinx 

    La blennie sphinx (Aidablennius sphynx) est l'une des plus spectaculaires avec sa tête bariolée.

    blennie sphinx

    Les  blennies de Caneva mâles (Microlipophrys canevae) ont également changé de couleur, désormais leur tête est devenue noire et leurs joues jaune-orangé. Cette espèce est surtout présente en Méditerranée occidentale et elle est assez fréquente sur la Côte Bleue. La blennie de Caneva est moins téméraire que la blennie sphinx face aux plongeurs, aussi il faut procéder à une approche en douceur pour lui tirer le portrait, sinon elle se rétracte vite fait dans son abri.

    blennie de caneva

    En rejoignant le bord je croise le chemin d'un crabe verruqueux (eriphia verrucosa). Ce fioupélan comme on l'appelle à Marseille me montre ses puissantes pinces en guise d'avertissement, je dois être un peu trop près de lui à son goût !

    crabe verruqueux

    Je tire un dernier portrait pour la route, je ne me lasse pas des couleurs éclatantes des blennies sphinx ! 

    blennie sphinx 

     


     

    http://ekladata.com/pKZInWQrtNko3NvafqLPODA6V68/GPS-icon.png    

      Anse de la Couronne Vieille

    La anse de la Vieille Couronne s'étend à l'est du phare du Cap Couronne. Elle comporte deux plages séparées de 100 mètres qui sont bordées de falaises rocheuses intéressantes à explorer en snorkeling. En face de la Vieille Couronne se situe la seconde réserve marine de la Côte Bleue mais celle-ci ne s'étend que sur la mer et sa limite n'atteint pas la côte.

     

     


  • Commentaires

    1
    julien
    Dimanche 11 Avril 2021 à 19:45
    julien

    plusieurs photos n'apparaissent pas ?

    du coup, mon moment détente est tronqué wink2smilebiggrin

    2
    Dimanche 11 Avril 2021 à 19:56

    Salut Julien,

    Le problème vient de eklablog, j'espère qu'ils vont résoudre le problème rapidement ...

    3
    Lundi 12 Avril 2021 à 11:09

    Tout semble rentré dans l'ordre !

    @ Nico06 : j'ai supprimé ton message car j'ai répondu en même temps que toi et il faisait doublon avec le mien, le problème venait effectivement bien d'eklablog comme tu l'avais deviné, malheureusement çà arrive de temps en temps sur cette plateforme ...

    4
    Nico06
    Mercredi 14 Avril 2021 à 00:28

    Pas de soucis. Très belles photos, en particulier celles des blennies sphinx !

    5
    julien
    Mercredi 14 Avril 2021 à 08:19
    julien

    les blennies sphinx et caneva sont magnifiques. un spectacle a elles seules

    6
    Mercredi 14 Avril 2021 à 15:44

    Merci à vous deux,

    Les blennies sphinx sont magnifiques en période de reproduction, la prochaine fois j'espère en voir en dehors de leur trou car pour défendre leur territoire elles dressent leur voiles dorsales et bombent le torse, le spectacle est sympa ! La blennie de Caneva est jolie aussi mais de ce que j'en ai vu elles sont beaucoup plus sages.

    7
    Fredo
    Mercredi 21 Avril 2021 à 11:44

    Bonjour,

    Étonnant cette histoire du rapane, c'est fou qu'un mollusque asiatique s'adapte aussi bien sur nos côtes !

    En tout cas votre blog est très sympa, bravo

    8
    Mercredi 21 Avril 2021 à 15:27

    Bonjour,

    Merci pour votre commentaire.

    Oui il est étonnant ce rapane, d'après les sources qui présentent cette espèce ce mollusque à de grandes facultés d'adaptation, il tolère des changements de température importants, de grandes différences de salinité, et il est peu sensible à la pollution. L’évolution de son ère de répartition est suivie avec attention car il commence à s'approcher de l’Étang de Thau où il menace la conchyliculture car il se nourrit principalement de moules et d'huitres.

    Après il faut voir que çà bouge pas mal au niveau de la migration des espèces, depuis l'ouverture du canal de Suez et avec l'augmentation du transport maritime de nombreuses espèces exotiques se promènent en Méditerranée. Sur la Côte Bleue des pêcheurs et des plongeurs ont déjà signalé la présence de poissons lapin ou de poissons flute originaires de la mer rouge. Il n'est pas impossible qu'un de ces jours nous tombions sur des rascasses volantes dans les calanques !

    Je précise également qu'il y a aussi des migrations naturelles qui s'effectuent au gré du réchauffement climatique, c'est le cas par exemple des girelles paon et du concombre cracheur marron qui ont étendu leur territoire du sud au nord de la Méditerranée à la faveur du réchauffement des eaux.

    En gros nous ne sommes pas au bout de nos surprises du côté de l'observation des espèces marines sur nos côtes françaises !

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