Le beau temps est revenu en ce jour de réveillon de Noël, avec ce beau Soleil d'hiver je ne pouvais pas manquer l'occasion de faire une dernière petite plongée de fin d'année ! Évidemment, un jour de réveillon, il n'y a pas grand monde dans la calanque du Mugel à La Ciotat, je me sens un peu privilégié d'avoir la mer pour moi tout seul, çà n'arrive pas souvent !

En attendant le retour du beau temps j'ai mis à profit la période sans plongées pour ajouter une rubrique "flore sous-marine" aux fiches de présentation des espèces qui figurent dans la colonne de gauche du blog. Je pense qu'il est également intéressant de pouvoir mettre un nom sur les algues et plantes qui tapissent les fonds marins que nous explorons. Ci dessous, une forêt de corallines (Corallina caespitosa), une algue rouge calcifiée. 

Certaines algues peuvent présenter un aspect esthétique, à l'image de la monnaie de Poséidon (Halimeda tuna) qui ressemble à suite de pièces vertes où à un petit cactus sous-marin.

La monnaie de Poséidon est une algue verte cosmopolite des mers chaudes, elle est présente sur les substrats rocheux depuis la surface jusqu'à près de 75 mètres de profondeur.

En pénétrant dans les grottes et en visitant les cavités abritées de la lumière je découvre malheureusement que beaucoup d'éponges ont disparu. Suite à la canicule sous-marine de cet été les populations de spongiaires ont beaucoup souffert, les parois semblent nues sans elles et les beaux tableaux colorés qu'elles formaient avec les ascidies se sont effacés. Pire encore, j'ai découvert un recoin de la calanque où leurs squelettes siliceux ont été regroupés par le courant dans un sorte de cimetière des éponges. Triste spectacle ...

Heureusement certaines espèces ont bien résisté, à l'image de cette oscarelle bleu-violet (Oscarella lobularis). Cette éponge a une grande faculté d'adaptation au milieu car elle est présente de l'Atlantique nord jusqu'au Caraïbes !

Dans les grottes obscures je trouve quelques petits poissons très colorés à l'image de cette blennie à tête noire (Microlipophrys nigriceps).

Au fond d'une grotte j'ai la surprise de voir une crevette (palaemon serratus) nager en pleine eau dans ma direction, elle fonce vers mon masque ! La voyant s'approcher je tends ma main vers elle et voilà qu'elle se pose sur mon gant !

Au bout d'un moment d'observation mutuelle je fais un petit mouvement de main pour qu'elle retourne vers la paroi rocheuse. La petite crevette retourne à ses occupations et de mon côté je continue un peu mes explorations. J'ai juste le temps d’effectuer un ou deux mètres et voilà que je retrouve ma crevette apprivoisée qui revient vers moi lancée comme un frelon ! Je tends à nouveau mon gant et la voilà repartie dans une inspection en règle ! Elle est vraiment marrante cette crevette !

Le crustacé ne veut plus partir, il est bien sur mon gant. Il a beau me faire les yeux doux il faut bien que je mette fin à cette rencontre du troisième type !

A l'entrée de la grotte je repère quelques alcyons encroutants (Alcyonium coralloides) sous une apparence digitée. Il s'agit ici de sa forme lobée fixée au substrat, à de plus grandes profondeurs cette espèce peut-être observée sous sa forme parasite, envahissant et recouvrant les gorgones.

Je pénètre maintenant dans une nouvelle grotte, ici aussi je repère quelques éponges survivantes, çà me fait plaisir de voir qu'il en reste quelques unes ! Il s'agit d'une éponge rognon (Chondrosia reniformis) mais dans sa version cavernicole blanche. 

En voilà une autre, bien blanche également. Cette éponge est assez commune sur notre littoral, mais lorsqu'elle est exposée à la lumière sa surface est plutôt brune. Cette espèce est surtout observable en Méditerranée et dans l'Atlantique est.

Les éponges servent parfois d'abri à d'autres espèces. Ici une blennie de Zvonimir (Parablennius zvonimiri) a élu domicile dans un interstice. Notez également la présence d'une ascidie rose (Ascidia mentula) dont le siphon buccal émerge tout juste de l'étroite fissure où elle s'est fixée.

Je découvre ici aussi une petite blennie à tête noire (Microlipophrys nigriceps) tapie dans l'ombre.

Je quitte maintenant les grottes pour m'engager dans le détroit de Nege Froume, bordé par un petit tombant ombragé où se cachent régulièrement quelques minuscules limaces de mer. Mais cette année elles se font rares, j'ai beau scruter la paroi avec beaucoup d'attention, je n'en trouve pas. Je me console comme je peu avec les couleurs chaudes d'un oursin commun (Paracentrotus lividus).

Le cap de Nege Froume est un secteur assez agité par les vagues. Ce n'est pas un endroit très agréable à traverser en snorkeling mais on y trouve souvent de gros poissons. Cette fois-ci je tombe sur un banc de saupes (Sarpa Salpa) qui défilent devant moi en ombre chinoise.

Du côté du large, en pleine eau je repère un petit organisme flottant, il s'agit d'une méduse pélagie (Pelagia noctulica). On en croise souvent dans la calanque du Petit Mugel.

Les îlots de Nege Froume méritent d'être visités en détails car ils offrent de nombreuses aspérités et cavités abritant une grande biodiversité. Une belle étoile de mer rouge (Echinaster sepositus) attire mon attention à faible profondeur.  Sur cette photo détaillée on peut distinguer sous les pointes de ses bras les petits ambulacres qui lui servent à se déplacer doucement.

Tout prêt de l'étoile de mer rouge un triptérygion nain (Tripterygion melanurum) me surveille du coin de l’œil car je suis visiblement entré sur son territoire. Il s'agit très vraisemblablement d'un mâle qui affiche de belles couleurs vives et qui redresse ses nageoires dorsales pour m'impressionner. 

Je commençais à désespérer, mais finalement je parviens à débusquer une très belle hervia (Cratena peregrina) qui déambule parmi les algues. J'espère que 2023 sera une année plus prolifique en limace de mer !

En hiver beaucoup de poissons ont rejoint des eaux plus profondes aux températures stables, du coup se sont surtout les invertébrés qui assurent le spectacles en offrant de magnifiques jeux de couleur. 

Sur une paroi ombragée je découvre une jolie colonie de synascidie de Lacaze (Polysyncraton lacazei) qui tapisse la roche. Ce tunicier peut présenter une coloration variable, souvent rouge ou orangée en été, ici elle présente une surface claire avec une teinte rose ou violacée appelée variante "améthyste". Cette forme est assez répandue en Méditerranée.

Cette synascidie est bien reconnaissable à la forme de ses petits orifices inhalant qui ressemblent à des étoiles. Les gros orifices exhalant présentent quant à eux une mince couronne claire pourvue de petits denticules blancs. Cet organisme se nourrit des particules organiques en suspension qu'il capte en filtrant l'eau.

La synascidie de Lacaze est constellée de petites étoiles bien visibles sur cette image rapprochée. Un aspect de circonstance pour Noël !

Même si les poissons sont moins nombreux en cette saison, il reste encore quelques apogons (Apogon imberbis) cachés dans les anfractuosités. Il faut vraiment les chercher en apnée pour les trouver, ils sont tapis au fond de leurs tanières obscures.

Alors que je m'apprête à sortir de l'eau j'inspecte les rochers ensoleillés qui affleurent juste sous la surface de l'eau. C'est le biotope de prédilection des belles blennies sphinx (Aidablennius sphynx). J'en repère une très colorée qui m'offre l'opportunité de finir ma plongée en beauté.

Pour conclure cette agréable petite sortie, je profite de cet article pour vous souhaiter de très bonnes fêtes de fin d'année, et que 2023 soit riche en joies et en émerveillements dans la vie quotidienne et sous l'eau !

 

---

 

La calanque du Petit Mugel

La calanque du Petit Mugel est située sur la commune de La Ciotat près du cap du Bec de l'Aigle et en face de l'île Verte. Le Mugel est une réserve naturelle qui offre un environnement minéral remarquable constitué de poudingues, des roches sédimentaires chargées d'anciens galets que la mer érode lentement, d'où la présence de nombreuses cavités à explorer en snorkeling.