• L'été en plein mois de novembre à la calanque de Figuerolles

    En ce vendredi 11 novembre la météo est radieuse, il fait même chaud en plein Soleil. La température plus que clémente permet de prolonger la saison de snorkeling, avec des conditions aussi agréables plonger reste un véritable plaisir, par contre on se rend bien compte que quelque chose ne tourne pas rond avec le climat ...  Cette fois-ci je vous emmène dans la très belle calanque de Figuerolles à la Ciotat, dominée par le majestueux pic du Capucin qui ressemble à s'y méprendre à une tête d'aigle.

    calanque de Figuerolles

    En plus d'être un très beau site naturel, Figuerolles est un spot intéressant pour le snorkeling car à l'instar du Mugel et de l'Anse du Sec on trouve dans cette calanque de belles parois rocheuses de poudingues creusées par la mer, ici aussi il y a pas mal de cavités et de recoins à explorer.

    plage Figuerolles

    Si à l'extérieur on se croirait revenu en été, dans l'eau par contre la température me paraît conforme à la saison avec une mer à 17 ou 18°C. Je n'étais plus habitué à cette fraicheur, je suis content d'avoir enfilé ma combinaison de 2 mm en plus du top néoprène de 1 mm avant d'aller à l'eau.

    Je commence les explorations par le tombant oriental de la calanque, celui-ci reste une bonne partie de la journée à l'ombre et on y trouve la faune classique des biotopes sombres. Sauf qu'aujourd'hui je n'y observe pas grand chose de très intéressant. D'ordinaire j'y débusque toujours quelques nudibranches mais comme je l'ai déjà souligné dans mon précédent compte rendu les limaces de mer se font plutôt rares cette année. Par contre je croise beaucoup de grandes crevettes roses (Palaemon serratus) très curieuses qui n'hésitent pas à prendre la pose devant mon appareil photo.

    palaemon serratus

    Les grandes crevettes roses sont comme hypnotisées par la lumière de ma lampe, on croirait qu'elles ont vu un ofni (objet flottant non identifié) !

    palaemon serratus

    Dans un petit trou je découvre un petit crénilabre qui s'agite parmi les algues. J'ai bien l'impression qu'il s'agit d'un jeune crénilabre melops (Symphodus melops) car il possède une tache "en haricot" à l'arrière de l’œil et qui se prolonge par un trait coloré sur la joue.

    crénilabre ocellé

    A quelques mètres de profondeur je repère un bras couvert de ventouses à l'entrée d'une petite anfractuosité. Je plonge en apnée l'inspecter de plus près, en fait ce bras appartient à un poulpe (Octopus vulgaris) qui se repose paisiblement dans un abri. Je réalise une petite photo souvenir de la rencontre mais je n'insiste pas et le laisse rapidement tranquille.

    poulpe

    Je quitte le tombant ombragé et bifurque en direction de l'extrémité de l'îlot du Lion. A cet endroit je retrouve le Soleil mais aussi une mer plus agité. La pointe de l'îlot comporte un tombant qui est fréquentée par pas mal de poissons, des girelles, des sars, des castagnoles et un gros serran chevrette.

    Le grand serran chevrette (Serranus cabrilla) considère le haut du tombant comme son territoire et il passe son temps à chasser avec virulence les intrus. Et il ne fait pas d'exception pour moi, il n'hésite pas à venir à ma rencontre et à ma faire face pour me signifier qu'ici, c'est chez lui !

    serran chevrette

    Je poursuis mes explorations le long de la façade ouest de l'îlot et je descends découvrir ce qui se cache sous un surplomb rocheux situé vers cinq mètres de profondeur. Mon regard est rapidement attiré par la présence d'un bivalve à la coquille entrouverte, il est fixé à la roche au milieu du colonie de zoanthaires jaunes (Parazoanthus axinellae). Dès le premier coup d’œil j'ai remarqué que ce mollusque ressemblait à une nacre, mais pas à la grande nacre (Pinna nobilis) qui se fait malheureusement très rare car elle a été décimée ces dernières années par une bactérie. En fait il s'agit de la seconde espèce de nacre présente en Méditerranée, la nacre épineuse (Pinna rudis). Cette dernière vie fixée à la roche à l'abri de la lumière et elle présente des valves cannelées couvertes d'écailles protubérantes. C'est la première fois que j'observe cette espèce qui, d'après les spécialistes, semblent de plus en plus présente dans la Grande Bleue. Les scientifiques se demande d'ailleurs si elle ne va pas à terme remplacer la grande nacre ...

    Je me dirige maintenant vers la côte ouest de la calanque, dans un recoin sombre je repère quelques ascidies verdâtres à la texture semi-translucide. Cette espèce reste difficile à identifier précisément, en tout cas c'est la première fois que je la rencontre. Après quelques échanges avec Frédéric André du site DORIS il en ressort qu'il pourrait s'agir d'une ascidie coloniale pourpre (Cystodytes dellechiajei) qui, contrairement à ce que ce son nom semble indiquer, peut présenter des teintes très variables.

    Sur le fond, vers deux mètres de profondeur, j'observe une jolie blennie de Roux (Parablennius rouxi). J'effectue une petite apnée pour l'admirer de plus près, il s'agit ici d'un mâle qui présente de belles couleurs, des tentacules oculaires bien ramifiés et une petite tache verte sur l'avant de la nageoire dorsale. J'apprécie cette rencontre car la blennie de Roux n'est pas très fréquente à faible profondeur sur nos côtes.

    blennie de Roux

    Un peu plus loin une grande étoile de mer glaciaire (Marthasterias glacialis) chasse sur une paroi verticale. Notons que ce prédateur actif ne possède ni mâchoire, ni dents, en fait il digère ses proies en sortant son estomac afin qu'il englobe la proie.

    étoile de mer glaciaire

    En retournant vers la lumière je remarque la présence d'une blennie pilicorne (parablennius pilicornis) qui fait le guet sur un promontoire rocheux battu par les vagues.

    blennie pilicorne

    Cette espèce est assez abondante dans les petits fonds de la calanque de Figuerolles, on la reconnait facilement avec son corps moucheté de taches foncées.

    Je finis mon parcours en me rapprochant petit à petit de la plage. Sur le trajet je nage au dessus d'une aire sablonneuse fréquentée par quelques rombous, des poissons plats bien camouflés et qui ressemblent à de petites soles. En scrutant attentivement le fond clair je ne tarde pas à en repérer un, même si il est parfaitement camouflé avec son environnement. Ce poisson a de grande faculté de mimétisme, il se confond facilement avec le fond sableux en modifiant la teinte de son corps pour l'adapter à l'aspect du support sur lequel il se déplace. Le rombou se distingue assez bien des autres poissons plats, son corps est couvert de motifs ressemblant à de petites marguerites et il possède une petite tache foncée sur le bas du dos.

    rombou

    Alors que je suis de retour dans les petits fonds proches de la plage, je repère une petite dalle de béton qui comporte une boucle métallique. Je décide de me fixer quelques instants au fond en me maintenant d'une main au crochet. En restant immobile les poissons on tendance à s'approcher de moi, c'est une aubaine pour les observer et les photographier. Les premiers à me rendre visite sont de petites girelles communes (coris julis). Elles semblent intéressées par les particules que mon contact avec la dalle de ciment pourrait soulever.

    girelles

    Au pied de la dalle je remarque la présence d'une grosse blennie gattorugine (Parablennius gattorugine). D'ordinaire je croise cette espèce sur les parois rocheuses, c'est plus rare de l'observer posée sur le fond parmi les galets. Cette blennie, également appelée cabot ou baveuse, se reconnaît bien à ses grands yeux rouges et ses tentacules supra-oculaires en forme de petits buissons. La blennie gattorugine est assez territoriale, elle est rarement effrayée par la présence d'un plongeur, de ce fait il s'agit d'un poisson assez facile à photographier.

    blennie gattorugine 

    En regardant attentivement le fond, je repère également un beau gobie moucheté (Gobius incognitus) caché lui aussi derrière un galet. Cette espèce est assez commune dans les eaux peu profondes de notre littoral provençal où se mêlent sable et rochers. Le gobie moucheté est endémique à la Méditerranée.

    Puis, un jeune serran chevrette (serranus cabrilla) finit également par s'approcher de moi, ce petit cousin du mérou n'est pas du tout farouche, il se laisse facilement observer.  

    serran chevrette

    Après m'avoir tourné autour, il choisit de se poster face à moi et de me fixer du regard. J'adore ces poissons, les serrans chevrettes sont vraiment des animaux caractériels, ils sont prêts à défendre leurs zones de vie au mépris du danger et rien ne les intimides, même pas un plongeur bien plus gros qu'eux ! 

    serran chevrette

     


     

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    La calanque de Figuerolles 

     

    La calanque de Figuerolles à la Ciotat fait partie du parc national des Calanques. Cette calanque encaissée offre aux visiteurs un point de vu magnifique, ses falaises de poudingues ocres plongent dans les eaux turquoises de la Méditerranée. Les reliefs de la calanque sont dominés par un pic rocheux caractéristique ressemblant à une tête d'aigle ou de lion selon l'imagination de l'observateur, il s'agit du rocher du Capucin. La crique de Figuerolles comprend une plage de galet dont l'accès se fait par un long escalier escarpé peu évident à arpenter pour les plongeur chargés de matériel et de poids de lestage ! Les fonds marins de la calanque sont intéressants à explorer en snorkeling, la faune est très riche le long des tombants des falaises et autour de l'îlot qu'elle englobe. Le fond de la crique devient quant à lui rapidement profond, il concernera plutôt les apnéistes ou les plongeurs bouteilles.

     

     

     


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  • Commentaires

    1
    Lacsap
    Mercredi 16 Novembre 2022 à 20:02

    Superbes photos ... Merci Laurent

    2
    Mercredi 16 Novembre 2022 à 22:45

    Merci beaucoup ! Il n'y a pas eu beaucoup de surprises durant cette sortie mais c'était vraiment appréciable de pouvoir retourner à l'eau dans de bonnes conditions.

    J'en profite pour signaler la tenue du festival international du monde marin à Hyères (83) du 18 au 20 novembre :

    https://festival-galathea.com/

    3
    Samedi 19 Novembre 2022 à 01:15

    Finalement j'ai eu plus de surprise que ce que je pensais car le bivalve que j'ai observé sous le surplomb roche est une nacre épineuse (Pinna rudis), une espèce peu fréquente sur nos côtes ! çà fait plaisir d'avoir pu voir une nacre car la grande nacre (Pinna nobilis) est portée disparue depuis qu'une bactérie a décimé ses populations ...

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