Malgré la rentrée l'été joue les prolongations en Provence, il fait toujours aussi chaud et la Méditerranée est encore à 23°C. Bien décidé de profiter encore de la mer, je prends la direction de la jolie calanque des Figuières à Ensuès la Redonne sur la Côte Bleue. C'est la première fois que je vais faire du snorkeling dans ce site voisin du célèbre spot de plongée bouteille de Méjéan. La calanque est tout à fait paisible en cette saison, il y a peu de monde sur la plage et je suis presque seul dans l'eau.

La calanque des Figuières est assez large, elle englobe un petit port et une falaise est plutôt escarpée. De ce côté il n'y a pas vraiment d'endroits permettant une mise à l'eau aisée.

La moitié ouest de la crique possède une petite plage de galets propice pour s'élancer et une digue intéressante à explorer.

Le fond de la calanque n'est pas extrêmement intéressant, il possède quelques petits herbiers de posidonies mais on sent bien que nous ne sommes pas dans une réserve marine, les poissons se font rares ... Du coup je m'oriente plutôt vers la digue et la falaise rocheuse, où de petites cavités sombres m'attendent. Sur les blocs rocheux je repère tout d'abord une petite étoile de mer épineuse (Coscinasterias tenuispina).

Je rencontre beaucoup de rascasses brunes (Scorpaena porcus) dans les différentes cavités que j'explore. Elles sont bien cachées dans l'obscurité et attendent patiemment la tombée de la nuit pour sortir chasser.

De petits crénilabres à cinq taches (Symphodus roissali) apprécient aussi le refuge que leur offrent les anfractuosités séparant les éboulis.

Lorsqu'on visite des cavités il faut bien penser à regarder dans toutes les directions y compris au dessus de sa tête, des animaux peuvent aussi se trouver sur le plafond ! Comme cette jolie crevette rose (Palaemon serratus).

Les parois ombragées constituent un milieu favorable au développement du coralligène. Dans ces zones les rochers sont tapissé d'éponges, d'algues calcifiées et d'ascidies.

Je laisse un peu les rochers et nage vers le cap ouest de la calanque.

Ici l'eau est très agitée, on y rencontre des mulets, de petits bancs de saupes, et quelques castagnoles. A quelques mètres de moi je perçois à travers les rideaux de bulles crées par les vagues une sorte de poisson argenté et long ressemblant à une orphie. Mais en m'approchant je m'aperçois avec effroi qu'il s'agit en fait du harpon rutilant d'un chasseur sous-marin posé à l'agachon sur la roche. Mauvaise surprise et belle frayeur ! Avec la piètre visibilité de ce recoin je préfère m'éloigner vite fait et ne pas risquer d'être malencontreusement pris pour une cible ... J'ai vraiment horreur de ces moments où je me retrouve face à une arme sous l'eau ! Je rêve du jour où les rayons des magasins Décathlon proposeront plus d'appareils photos sous-marins que de harpons, à ce moment là nous aurons vraiment fait de gros progrès sur la voie de la raison ! 

Faute de gros poissons je me rabats sur les blennies. Voici une blennie trigloïde (Lipophrys trigloides) qui me regarde avec méfiance depuis sa cachette.

J'observe aussi une belle anémone verte (Anemonia viridis) particulièrement colorées dont les tentacules dansent avec élégance au grès des vagues.

Je surveille du coin de l’œil le chasseur mais en évitant son secteur il ne me reste qu'une zone sans trop d'intérêt. Du coup je fais demi-tour et reviens dans un coin plus calme. Bien m'en a pris, puisque je tombe nez à nez avec un magnifique poulpe (octopus vulgaris). Timide, il essaye de se blottir sous un rocher.

La présence du poulpe n'est pas vraiment appréciée par un labre merle (labrus merula) en livrée de reproduction. Il tourne autour du poulpe en essayant de l'intimider et de le déloger du rocher. Peut-être que le labre a fait son nid à cet endroit. En tout cas il est vraiment téméraire et il se laisse facilement approcher en apnée.

Mais le poulpe n'a pas l'intention de bouger, il est bien installé sous son rocher.

Une blennie diabolo (Parablennius incognitus) très curieuse surgit devant moi et vient surveiller ce qui se passe. Elle aussi n'est pas très craintive et elle prend la pose facilement.

Un peu plus loin je distingue une petite tache blanche sur un rocher. En m'approchant je découvre une petite élysie timide (Elysia timida) qui déambule parmi les algues.

Je me rapproche de la plage car il commence à se faire tard. Comme le Soleil est sur le point de se coucher et que la calanque est passée dans l'ombre les rascasses brunes (scorpaena porcus) sortent de leurs trous.

Ces as du camouflage sont parfois difficiles à distinguer lorsqu'elles sont tapies dans les algues ou parmi les rochers.

Hormis les rascasses je remarque aussi la présence d'un beau gobie de Paganel (gobius paganellus).

Pour finir je vous propose une image d'une espèce mal aimée des photographes sous-marins car elle est généralement peu esthétique, il s'agit d'une holothurie granuleuse (Holothuria tubulosa). mais celle que j'ai repéré présente de belles pointes bien saillantes et elle méritait bien un portrait.

Je quitte le site en me disant qu'il a du potentiel pour le snorkeler attentif, en plus il présente l'avantage d'être plutôt bien abrité du vent. Il n'y a pas beaucoup de gros poissons comme on peut en voir au Cap Rousset dans la commune voisine mais le long des digues on fait toujours de belles rencontres. Reste à explorer la falaise du côté est et ses éboulis.

La  calanque des Figuières

La calanque des Figuières est située à Ensuès la Redonne sur la Côte Bleue. On y accède par la route étroite et tortueuse qui va du port de la Redonne à la calanque de Méjéan. Attention l'accès à cette route est interdit aux véhicules en journée de mi-avril à août les week-end et jours fériés. La calanque des Figuières est un peu secrète, elle est en retrait de la route, même son parking est caché ! Aussi ce site est agréable et calme. La crique abrite un petit port aménagé en 1937 et deux plages de galets. A noter que le site est classé zone naturelle d'intérêt écologique faunistique et floristique. La façade rocheuse ouest est la plus intéressante pour le snorkeling, par contre nous ne sommes pas dans une réserve marine et de ce fait il est possible d'y croiser des pêcheurs ou des chasseurs sous-marins.