• Plongée matinale à Playa Las Coloradas au sud de Lanzarote

    Me voilà parti pour un séjour d'une semaine sur l'île de Lanzarote, dans l'archipel des Canaries. Ici le température est clémente toute l'année, une douceur permanente qui donne l'impression de bénéficier d'un printemps éternel. Ainsi, il est tout à fait possible de pratiquer le snorkeling au mois de novembre alors qu'à Marseille l'hiver est arrivé prématurément et a stoppé net toute possibilité de retourner à l'eau. En tout cas je compte bien profiter du temps passé à playa Blanca sur la côte sud de Lanzarote pour rechausser mon masque, mon tuba et mes palmes afin de partir à la découverte des fonds marins locaux. Comme je loge à côté de la plage de Las Coloradas, ce spot va donc devenir mon nouveau terrain d'exploration sous-marine pour les jours à venir.

    playa Las Coloradas

     Pour cette première plongée matinale à Lanzarote les conditions sont plutôt agréables, la mer est à 20°C, la température extérieure est particulièrement douce, il n'y a pas vent et la surface de l'eau est assez calme. Tant mieux car je n'ai emporté dans ma valise que mon top en néoprène en guise de combinaison.

    Je m'élance à partir de la côte ouest de la plage, on y trouve des falaises surplombant un étroit plateau rocheux et des éboulis où se concentrent pas mal de poissons. A Lanzarote nous sommes situés à un carrefour maritime où se côtoient des espèces originaires de l'Atlantique, de la Méditerranée ou des tropiques. On y rencontre notamment de magnifiques girelles paons (thalassoma pavo) que l'on croise également par endroits dans le nord de la Méditerranée. Ici elles sont vraiment très nombreuses le long des côtes, pour le plus grand plaisir des yeux !

    girelle paon

    Le plongeur marseillais qui connaît déjà les girelles paons sera peut-être plus intéressés par les demoiselles à ailes bleues (abudefduf luridus), des cousines de nos castagnoles, mais plus grosses, plus sombres et possédant de surprenantes marques bleu électrique sur les nageoires. Se sont de beaux poissons qui abondent également dans ces eaux, mais ils affectionnent les zones battues par les vagues et sont parfois difficiles à suivre et à photographier dans les remous.

    demoiselles à ailes bleues

    Le poisson le plus dépaysant du coin est certainement le tetrodon nain (canthigaster capistrata), celui là il a une allure clairement tropicale et paraît tout droit sorti d'un lagon des mers chaudes. Pourtant il s'agit d'un poisson que l'on ne rencontre que dans îles de l'Atlantique est tropical, aux Canaries, aux Açores ou au Cap Vert.

    tetrodon nain

    Ce qui frappe dans la zone rocheuse c'est l'abondance de petites éponges jaunes, se sont des vérongias jaunes (aphysina aerophoba). Cette espèce de spongiaire est un peu particulière car elle est photophile, c'est à dire qu'elle recherche la lumière et se fixe en priorité sur les roches bénéficiant d'un bon éclairage. La vérongia constitue souvent des massifs tubulaires jaune vif, les tubulures possèdent chacune un oscule sommital.

    vérongias

    La frange séparant le plateau rocheux et la mer de sable est également intéressante à explorer. Vers trois mètres de fond je repère un couple de seiches (sepia officilanlis). Le mâle est reconnaissable à son dos zébré.

    seiches

    On y trouve également de nombreux poissons lézards camouflés sur le sable. Ils restent immobiles en attendant qu'une proie passe à leur portée. Ils apprécient beaucoup la zone mixte en lisière avec les rochers. Ici il s'agit d'un poisson lézard Atlantique (synodus synodus), reconnaissable à sa large bouche et à ses bandes foncées verticales bien alignées entre le dos et les flancs.


    Au delà de cette bande basaltique le regard se perd dans une immense étendue sablonneuse sur laquelle j'espère pouvoir observer une raie ou avec beaucoup de chance un requin ange. Mais la chance est loin de me sourire, c'est plutôt la poisse qui me tombe dessus car à défaut de beaux poissons je croise une véritable armada de méduses pélagies (pelagia noctulica) ! D'ordinaire j'aime bien les photographier mais aujourd'hui elles sont dangereuses car nombre d'entre elles ont leurs longs filaments urticants déployés ...

    pélagie

    J'évolue avec la plus grande prudence dans ce véritable nuage de méduses en prenant soin d'éviter les fins filaments qu'elles laissent trainer sur quelques mètres derrière elles. Je n'observe malheureusement pas grand chose d'intéressant à la surface du grand désert de sable, mais en scrutant attentivement l'interminable successions de rides du fond sous-marin je finis quand même par débusquer une grande vive qui fait le guet (trachinotus draco). Par contre elle est assez profonde, à près de 6 mètres au dessous de moi, donc je dois procéder à une apnée pour aller l'observer de plus près. Ma descente se passe bien malgré le rhume carabiné que je me suis ramené de Marseille ...

    grande vive

    Je continue à être encerclé par les pélagies et comme je suis obligé d'avoir l’œil partout j'ai du mal à profiter de ma balade dans ce coin de la baie, du coup je décide de retourner vers la côte rocheuse où elles étaient moins nombreuses.

    Alors que j'aborde les premiers blocs rocheux du bord de mer je croise un nouveau poisson exotique, le tetrodon marbré (sphoeroides marmoratus). Cet animal vient de l'Atlantique subtropical mais quelques rares signalisations ont été faites en Méditerranée au sud de l'Espagne et au sud de l'Italie. Ce poisson globe est facilement reconnaissable à la forme élancée de son corps et ses grands yeux orange.

    tetrodon marbré

    Sur les rochers situés au pied de la falaise je retrouve les jolies éponges vérongias jaunes

    vérongias jaunes

    La bordure du petit plateau rocheux qui longe le bas de la falaise comportent de petites cavités ombragées que je visite en apnée. J'y surprends une grande demoiselle à ailes bleues dont je parviens à tirer un beau portrait rapproché.

    demoiselle à ailes bleues

    Une éponge perforante Clione jaune (cliona celata) s'est développée dans cette zone abritée de la lumière. Cette espèce est également présente en Méditerranée.

    clione jaune

    Un peu plus loin je croise un nouveau tetrodon nain aux belles touches colorées. Notons que ces poissons (cousins du célèbre fugu japonais) sont toxiques pour leurs prédateurs à cause de la présence de tétrodotoxine sur la peau et certains organes.

    tetrodon nain

    Des bancs de sars nagent au dessus des petits fonds. Les sars communs de l'Atlantique (diplodus sargus cadenati) gardent leurs rayures verticales même à l'âge adulte contrairement aux sars communs de Méditerranée (diplodus sargus sargus) dont les flancs deviennent uniformes ou presque en grandissant.

    Parmi eux je repère un beau sar tambour (diplodus cervinus) bien reconnaissable à ses larges bandes foncées verticales. Ce poisson est souvent solitaire mais il apprécie aussi de se joindre aux autres espèces de sars dans les zones où la pression de la pêche se fait sentir.

    sar tambour

    Quelques girelles paons femelles gravitent autour des sars. Elles sont très vives, assez farouches, mais elles sont souvent attirées vers les plongeurs quand des sédiments sont soulevés.

    girelle paon

    J'inspecte encore quelques rochers avant de sortir de l'eau. Certains d'entre eux sont littéralement tapissés de vérongias jaunes.

    Comme c'est également le cas chez nous, les rochers du bord de mer sont le royaume des blennies. Je ne tarde pas à en trouver une dans la zone battue par les vagues, il s'agit d'une blennie chevelue (scartella cristata) dont la nuque est couverte par de petits tentacules coiffés en brosse.

    blennie chevelue

    Cette première sortie à Lanzarote à déjà été riche en observations, parfois familières pour un snorkeler Méditerranéen, parfois complètement dépaysantes. Bref, vivement la prochaine plongée !
     

     

    Après la plongée : Le parc volcanique de Timanfaya

    Lanzarote est littéralement façonnée par le volcanisme, elle abrite à elle seule pas moins de 300 cônes volcaniques ! Il s'agit de l'île la plus ancienne de l'archipel des Canaries avec Fuerteventura, ses roches sont datées de 10 à 20 millions d'années. Les paysages volcaniques sont dénudés, colorés, triturés, ils offrent toujours aux visiteurs des vues spectaculaires et particulièrement dépaysantes qui semblent tout droit sortis d'une autre planète.

    El Golfo Lanzarote

    Avant d'arriver au parc volcanique de Timanfaya il faut faire un petit détour jusqu'au village côtier de El Golfo. Ici un demi cône volcanique très érodé par les assauts répétés de l'océan abrite une magnifique lagune verte qui doit sa teinte à la présence d'un grand nombre d'algues microscopiques et à sa très forte salinité qui dépasse même celle de la Mer Morte !

    lago Verde lanzarote

    Les paysages volcaniques les plus spectaculaires sont principalement concentrés dans le parc naturel de Timanfaya, qui a été crée en 1974. Le parc protège les immenses champs de lave formés durant la longue période d'éruption violente qui se déroula de 1730 à 1736.

    parc de Timanfaya lanzarote

    Durant cette période l'éruption détruisit près de 400 maisons et provoqua la formation de plus de trente nouveaux cônes volcaniques tous alignés sur une gigantesque fissure de 18 km. La dernière éruption eu lieu en 1824 mais elle fût de moindre ampleur.

    On compare souvent les terrains volcaniques de Timanfaya avec des surfaces planétaires désertiques mais en fait ils donnent plutôt une bonne idée de ce à quoi ressemblait la surface de la Terre primitive, avant l'émergence la vie terrestre.

    parc de Timanfaya

    A Islote de Hilario, au pied du restaurant panoramique "El Diablo" imaginé par l'artiste emblématique de le Lanzarote César Manrique, il est possible d'assister à des démonstrations témoignant que l'activité géothermique du parc n'est pas qu'un souvenir du passé ! En effet, à seulement quelques mètres sous terre les températures sont encore incroyablement élevées, elles peuvent atteindre 400 à 600 °C !!  Il suffit de jeter un peu d'eau dans un trou creusé dans le sol pour se retrouver quelques secondes plus tard devant un véritable geyser !

     


     

    http://ekladata.com/pKZInWQrtNko3NvafqLPODA6V68/GPS-icon.png    

    Playa Las Coloradas à Lanzarote

    La plage de Las Coloradas est située au sud de l'île de lanzarote dans la station balnéaire de Playa Blanca. Il s'agit d'une plage de sable volcanique foncé et de galets dont l'ambiance est assez paisible, surtout hors saison estivale. La plage s'étire sur près de 400 mètres de long, elle est bordée à l'est et à l'ouest par de grandes falaises sombres où l'on trouve pas mal de faune marine à observer en snorkeling. L'intérieur de la baie comporte de grandes étendues sablonneuses. Au large de playa Las Coloradas se trouve le parc Atlantico où des statues sont immergées par quinze mètres de fond. Il s'agit d'une curiosité intéressante pour les plongeurs équipés de bouteilles qui peuvent aller nager au milieu des œuvres d'arts fixées sur les fonds sablonneux. Notons également qu'une belle promenade longe la plage et mène jusqu'à la marina de Rubicon. Cette promenade offre de magnifiques points de vus surplombant la mer et falaises volcaniques. Au loin, le regard porte jusqu'à l'île voisine de Fuerteventura.

     


    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    1
    Mardi 26 Novembre 2019 à 00:25

    Voilà le premier acte d'une série de quatre plongées réalisées la semaine dernière à Lanzarote dans les îles Canaries. La suite au prochain épisode !

    2
    gégénet
    Lundi 9 Décembre 2019 à 14:08

    Bonjour,

    Je découvre votre blog et vos belles photos sous-marines, bravo. Merci pour cette découverte de Lanzarote et de ses paysages volcaniques remarquables qui donnent envie de voyager.

    3
    Lundi 9 Décembre 2019 à 14:46

    Bonjour,

    Merci pour votre message. C'est vrai que Lanzarote est une très belle île et les paysages volcaniques de Timanfaya sont très spectaculaires. Vraiment c'est une belle découverte !

    4
    Mercredi 4 Mars 2020 à 19:05

    Belle destination et beaux paysages lunaires

    5
    Mercredi 4 Mars 2020 à 23:15

    Oui les paysages volcaniques de l'île sont vraiment magnifiques !

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :