• Des grottes du Petit Mugel au tombant de l'Anse du Sec

    Un temps gris s'est installé sur la région marseillaise pour ce pont de la Toussaint, par contre il fait toujours aussi doux. A la faveur de quelques rayons de Soleil j'ai décidé d'improviser une randonnée palmée allant du Petit Mugel à l'Anse du Sec, une jolie crique surplombée par le célèbre Bec de l'Aigle de La Ciotat. En cette saison le site à retrouvé son calme, en tout cas le Petit Mugel est quasiment désert. Avec une température de l'eau à 18°C j'ai choisi de n'utiliser que la combinaison de 2 mm et le top néoprène de 1 mm au dessous, cela suffira. C'est parti pour les explorations sous-marines !

    hervia

    Les abords des grottes du Petit Mugel réserve toujours de belles surprises, voilà un petit nudibranche balloté au gré du courant à l'entrée de la grotte aux alcyonaires. La petite branche sur laquelle notre hervia (cratena peregrina) se débat est en fait celle d'un hydraire, il s'agit d'un endendrium (endendrium racemosus). L'hervia est friande des polypes de cet hydraire et c'est toujours sur ce support qu'on la trouve.

    hervia

    Dans la grotte je repère une blennie gattorugine (parablennius gattorugine) posée sur la paroi au milieu des alcyons encroûtants (Alcyonium coralloides).

    blennie gattorugine

    J'adore cette grotte et son échancrure dans la paroi qui offre une vue sur la passe qui mène vers la Anse du Sec.

    Au fond de la grotte je repère un gros apogon (apogon imberbis) tout seul qui part se réfugier parmi les éponges à mon approche. Par contre je n'ai pas trouvé la dromie que j'avais observé dans cette grotte lors de mes sorties précédentes.

    apogon

    Je comptais initialement me rendre directement à la Anse du Sec après avoir visité cette grotte mais finalement je décide de rester un peu plus de temps au Petit Mugel pour visiter les autres grottes même si je commence à bien les connaître. Je commence par la grotte aux zoanthaires jaunes qui tapissent une paroi très ombragée.

    zoanthaires jaunes

    Cette grotte est surtout habitée par de grandes crevettes roses (palaemon serratus).

    crevette rose

    En ressortant de la cavité je croise une beau crénilabre à cinq taches (symphodus roissali) qui se repose dans un creux. Il présente de belles couleurs très vives, celui-ci est vraisemblablement un mâle vu ses yeux rouges vifs et les deux taches présentes sur l'arrière de sa nageoire dorsale.

    crénilabre à cinq taches

    Il faut vraiment avoir un regard attentif sur ce site, dans un autre trou dans la roche je repère une blennie de Zvonimir (parablennius zvonimiri). D'ordinaire ces blennies sont assez craintives et difficiles à photographier mais celle-ci prend la pose devant moi et par chance elle se laisse tirer le portrait.

    blennie de Zvonimir

    J'explore une nouvelle grotte à l'aide la lampe Qudos Action, j'ai beau avoir visité mainte fois ces lieux je me régale toujours autant les yeux du spectacle coloré qu'offrent les éponges et les ascidies. Voici un petite fraise de mer (aplidium elegans) surmontée d'un didemne spongieux (dilposoma spongiforme), une synascidie gélatineuse à l'apparence translucide.

    fraise de mer

    Les zones obscures constituent l'habitat favori des blennies à tête noire (microlipophrys nigriceps). Ces dernières sont peu évidentes à photographier car elles ont l'habitude de fuir la lumière des lampes de plongée et des flashs d’appareil photo, mais aujourd'hui j'aide la chance avec les blennies farouches, elles ont décidé de rester en place !

    blennie à tête noire

    Autre belle surprise de cette grotte, de nombreux doris dalmatiens (peltodoris atromaculata) sont regroupés sous une paroi inclinée sombre. Les nudibranches sont de sortie !

    doris dalmatien

     

    doris dalmatien

    Certains d'entre eux sont situés dans des recoins difficiles d'accès, il faut procéder à de petites apnées en s’agrippant aux aspérités de la roche pour se maintenir à leur niveau. Au final je ne regrette pas d'avoir fait de l’acrobatie sous-marine car elle m'a permis de découvrir toute une famille de doris dalmatiens agglutinés près d'une mini grotte cachée sous une éponge, elle semble leur servir d'abri.

    doris dalmatien

    Il n'y a pas que les doris qui apprécient cet endroit sombre, voici une lime écailleuse (lima lima) fixée dans la roche au milieu des éponges encroutantes oranges (crambe crambe).

    lime écailleuse

    Bon, c'est le moment de sortir de la grotte et de me mettre en route vers l'Anse du Sec si je veux avoir le temps de l'explorer correctement, c'est qu'"on y passerait des heures dans ces recoins magiques du Petit Mugel ! Sur le trajet je fait encore de belles rencontres et je réalise encore quelques photos. Voici une ascidie rouge (halocynthia papillosa), aussi appelée outre de mer, dont les siphons filtrants sont grands ouverts.

    ascidie rouge

    Une grande fraise de mer (aplidium elegans) attire également mon attention.

    fraise de mer

    Bon cette fois-ci c'est la bonne, je tire tout droit jusqu'au détroit qui sépare le Petit Mugel de l'Anse du Sec.

    Arrivé au cap qui sépare les deux anses l'eau est toujours très agitée. Je l'ai baptisée "le cap de la tasse" car à cet endroit on finit toujours par se prendre une déferlante qui submerge le tuba ... Une sorte de rituel de passage ! Mais je ne suis pas seul à me débattre avec le courant, c'est aussi un endroit qu'apprécient les muges.

    muges

    Le paysage sous-marin change radicalement dans la Anse du Sec. Ici fini les petites grottes sombres, la falaise forme un tombant et en le longeant on peut admirer le fond à 15 ou 20 mètres au dessous de nous.

    tombant de l'Anse du Sec

    Le long de la paroi vertigineuse je tombe à nouveau sur de jolies hervias fixées sur des endendriums.

    hervia

    hervia

    hervia

    Au milieu des hervias je découvre une belle surprise, un nudibranche violacé ! Il s'agit d'une flabelline mauve (flabellina affinis) qui, elle aussi, apprécie les fonds rocheux riches en polypes d'hydraires.

    flabelline mauve

    Un triptérygion jaune (triptérygion delaisi) très curieux vient regarder ce qu'il se passe. En fait il est intéressé par les particules que je soulève quand je touche la paroi rocheuse. Le triptérygion jaune se distingue des autres espèces de triptérygions par la marque foncée présente sur son pédoncule caudal.

    triptérygion jaune

    Je poursuis mon exploration en progressant jusqu'au bout du tombant de la anse. Parvenu à son extrémité je fais un petit tour sur la rive opposée. Sur les rochers je découvre avec émerveillement une énorme étoile de mer glaciaire (Marthasterias glacialis) qui doit mesurer plus de 30 centimètres de diamètre ! Elle est vraiment impressionnante !

    étoile de mer glaciaire

     étoile de mer glaciaire

    Sur le chemin du retour, en longeant à nouveau le tombant, je remarque que vers 5 ou 6 mètres de profondeur des gorgones jaunes (eunicella cavolini) sont accrochées sur la paroi rocheuse que je surplombe. Je tente une descente en apnée mais comme je suis enrhumé c'est peine perdue, vers 2 ou 3 mètres de profondeur les sinus ne passent pas ... J'ai quand même le temps de faire une photo souvenir même si je n'ai pas pu parvenir à leur niveau.

    gorgones jaunes

    Me voilà de retour au Petit Mugel, je nage au dessus de rochers couverts d'aspérités avant d'attaquer les grands herbiers de posidonies et de retrouver mon point de départ. Dans l'une des petites niches que j'inspecte je repère de subtiles volutes colorées, il s'agit d'une dentelle de Neptune (reteporella grimaldii), un bryozoaire colonial qui craint la lumière et que l'on rencontre généralement plus en profondeur.

    dentelles de Neptune

    Après deux heures d'explorations intenses je reviens à bon port. Un immense banc de saupes me montre le chemin à suivre. C'est une belle sortie qui s'achève, peut-être une des dernières de l'année, à moins que la douceur joue les prolongations !

    banc de saupes

     

     


     

    http://ekladata.com/pKZInWQrtNko3NvafqLPODA6V68/GPS-icon.png       La calanque du Petit Mugel

    La calanque du Petit Mugel est située sur la commune de La Ciotat près du cap du Bec de l'Aigle et en face de l'île Verte. Le Mugel est une réserve naturelle qui offre un environnement minéral remarquable constitué de poudingues, des roches sédimentaires chargées d'anciens galets que la mer érode lentement, d'où la présence de nombreuses cavités à explorer en snorkeling.

     

     


     


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