• Belles découvertes autour des grottes du Petit Mugel

    Retour au Petit Mugel en toute fin d'après-midi. J'ai longtemps hésité à me lancer dans cette sortie car le mistral s'est à nouveau réveillé et pour la pratique du snorkeling ce n'est jamais une bonne chose, cela signifie généralement que l'eau va être trouble et que la houle va être importante. Mais le site du Petit Mugel est bien abrité du vent du nord et j'ai donc tenté le coup. Bien m'en a pris puisqu'à mon arrivée je constate que la mer est dans l'ensemble assez calme, par contre en face du côté de l'île Verte ce n'est pas la même chose, de grosses vagues vont s'écraser sur les falaises. Au Mugel le seul inconvénient constaté est un gros refroidissement de l'eau ... Je dois avouer que je me suis gelé, en plein mois de juillet ma montre de plongée m'indique une température de seulement 16°C ! Tout juste équipé de mon top de 1 mm j'essaye de nager rapidement pour me réchauffer. 

    triptérygion nain

    Heureusement je suis vite captivé par mes rencontres sous-marines et mon esprit finit par oublier un peu le désagrément. Comme il n'y a pas grand monde dans l'eau les poissons ont repris possession des lieux. Sur les falaises je croise un joli triptérygion nain (triptérygion melanurum) caché dans une cavité sombre (photo ci-dessus).

    Un peu plus loin c'est une très grosse blennie gattorugine (parablennius gattorugine) qui monte la garde depuis son trou. Elle n'est pas très farouche et se laisse facilement tirer le portrait.

    blennie gattugine 

    On trouve pas mal d'éponges dans les petits cavités, voici des éponges rognons (chondrosia reniformis). Notez également la présence d'un bryozoaire rouge encroûtant (Schizobrachiella sanguinea) en haut à gauche de l'image et d'un petit pagure sédentaire en bas au centre (cliquez sur l'image pour la visualiser en grand).

    éponges rognons 

    Les oursins affectionnent aussi les anfractuosités rocheuses, mon préféré est le gros oursin granuleux aux pointes blanches. 

    oursin granuleux

    Mais la grande surprise de cette sortie survient lorsque au dessus d'un rocher j'entraperçois une étrange feuille de posidonie flottant toute seule. Cette feuille me semble onduler trop bizarrement pour être vraiment un brin de posidonie et en y regardant de plus près je découvre qu'il s'agit d'un siphonostome !

    siphonostome

    Ce poisson de la famille de l'hippocampe est bien reconnaissable à la forme très rectangulaire et aplatie de son museau.

    siphonostome

    Le siphonostome (syngnathus tiphle) semble sûr de son camouflage et ne paraît pas vraiment perturbé par ma présence, il se laisse approcher sans trop de difficultés.

    siphonostome

    Je le laisse vaquer à ses occupations et continue mon périple malgré le froidure qui commence sérieusement à m'envahir. Sur les rochers je reconnais de petites anémones que j'avais déjà photographié en juin lors de la sortie à Porquerolles, il s'agit de dents de cochon (Balanophyllia europaea).

    dents de cochon

    Je poursuis les aventures en allant explorer une des grottes du coin. J'arpente les parois avec la lampe Qudos Action car il fait bien sombre par ici et je surprends au milieu des éponges une rascasse brune qui à l'air assez mécontente que je la révèle au grand jour, son regard en dit long ...

    rascasse brune

    Le fond de la grotte baigne dans très peu d'eau aujourd'hui mais ce n'est pas une raison pour le négliger. En effet on peut y réaliser quelques observations étonnantes comme cette drôle de grappe blanche qui correspond à une ponte de seiche dont les œufs arrivent à maturité.

    ponte de seiche

    Mais ces recoins difficiles d'accès sont surtout les repères des apogons (apogon imberbis) qui aiment s'y cacher en attendant la nuit.

    apogon

    En cherchant bien dans les creux de la roche j'observe un gros apogon juste devant une autre ponte de seiche. Celle-ci est noire car elle est plus récente.

    apogon et ponte de seiche

    Les apogons restent très craintifs et il se cachent rapidement derrière les galets et les éponges dès que je tente de tendre le bras pour les photographier en gros plan. Mais au bout de nombreuses tentatives je suis parvenu à ramener un portrait détaillé de ces magnifiques poissons de l'ombre.

    apogon

     Cette grotte réserve décidément de belles surprises car sur une éponge pierre je repère à présent un petit doris dalmatien (Peltodoris atromaculata) .

    doris dalmatien

    Je m'apprête maintenant à pénétrer dans la grotte aux alcyonaires qui est toujours haute en couleur. Un ver térébelle spaghetti déploie ses filaments jaunes au milieu d'une éponge encroutante orange vif (crambe crambe) et de quelques alcyons, ensemble ils forment un joli tableau.

    éponge encroutante orange 

    Revoilà un doris dalmatien, bien entendu il se trouve une nouvelle fois sur une éponge pierre dont ils sont friands. Celui-ci déploie en avant plan son panache branchial, c'est la raison pour laquelle ces limaces de mer sont appelées nudibranches (branchies mises à nues).

    doris dalmatien

    Au Petit Mugel il y a également pas mal d'holothuries, d'ordinaire j'ai tendance à ne plus trop y prêter attention mais j'ai fais une exception pour celle-ci car il s'agit d'un concombre cracheur marron (Holothuria sanctori) que je n'avais pas encore observé. Cette holothurie est reconnaissable aux papilles blanches présentes à sa surface. Cette holothurie est une nouvelle venue dans la région, bien qu'elle soit plus acclimatée aux eaux chaudes elle étend son territoire vers le nord de la Méditerranée ce qui peut-être un indicateur du réchauffement climatique.

    concombre cracheur marron

    Autre espèce que j'observe pour la première fois : une grosse étoile de mer glaciaire (Marthasterias glacialis). Elle est blottie au fond d'un trou mais on la reconnaît quand même bien avec son aspect trapu et ses rangées d'épines. Elle ressemble beaucoup à l'étoile de mer épineuse mais elle est beaucoup plus grosse et régulière que cette dernière.

    étoile de mer glaciaire

    L' étoile de mer glaciaire me rappelle a quel point je suis moi même congelé ! Il est largement le temps d'entamer le chemin du retour. Même si je commence à avoir hâte de sortir de l'eau je ne résiste pas au plaisir de faire quelques dernières images. Voici de jolis zoanthaires jaunes (Parazoanthus axinellae) .

    zoanthaires jaunes

    Et pour finir, je vous propose un triptérygion rouge (Tripterygion tripteronotus) mâle qui prend la pose.

    triptérygion rouge

     

     


     

    http://ekladata.com/pKZInWQrtNko3NvafqLPODA6V68/GPS-icon.png       La calanque du Petit Mugel

    La calanque du Petit Mugel est située sur la commune de La Ciotat près du cap du Bec de l'Aigle et en face de l'île Verte. Le Mugel est une réserve naturelle qui offre un environnement minéral remarquable constitué de poudingues, des roches sédimentaires chargées d'anciens galets que la mer érode lentement, d'où la présence de nombreuses cavités à explorer en snorkeling.

     



     

     


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  • Commentaires

    1
    Coyote13
    Samedi 15 Juillet 2017 à 22:30

    Une nouvelle fois merci Laurent, pour ces superbes photos qui me surprennent à chaque fois, car même si le monde sous marin m'intéresse, en fait je le connais peu, mais grâce à tes photos et aux commentaires qui les accompagnent, j'en apprends toujours plus à chaque visite sur ton blog. Et encore bravo pour ton courage, car se mettre à l'eau à ces températures...

    2
    Samedi 15 Juillet 2017 à 23:24

    Merci Coyote 13 !

    Effectivement cette plongée n'a pas été simple avec cette température basse et mon équipement estival allégé qui n'était pas adapté ... Je ne m'attendais pas du tout à çà au mois de juillet, sinon j'aurais pris ma combinaison ! Heureusement je ne suis pas trop frileux ;)

    C'est vrai que le monde sous-marin est surprenant, il ne faut pas hésitez à passer du temps à scruter les moindres recoins en détails car beaucoup d'animaux sont cachés, camouflés ou très petits, ils passent facilement inaperçus. C'est passionnant de les débusquer puis de les observer pour comprendre leurs habitudes, et leurs comportements. En apprenant à les connaître on les repère plus facilement au bout du compte.

     

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